CES 2011 : le rapport complet d’Olivier Ezratty

Le 24 janvier 2011

Olivier Ezratty, consultant-expert en technologie était présent au Consumer Electronic Show, la grande messe du marché de l'hi-tech. De retour en France, il nous livre ses premières impressions et un rapport complet de ce qu'il a vu et entendu.

Le Consu­mer Elec­tro­nics Show s’est achevé le dimanche 9 jan­vier 2011. Avant de lire mon rap­port CES exhaus­tif de 240 pages disponible en bas de cet article, voici un pre­mier aperçu de cette visite.

C’était un peu le salon de la reprise. Le nombre de visi­teurs aurait atteint envi­ron 140.000 per­sonnes, alors qu’il était des­cendu à moins de 110.000 en 2008, puis remon­tait len­te­ment la pente depuis. Cela se voyait dans les allées, dans les confé­rences de presse, et même dans le tra­fic rou­tier très conges­tionné de Las Vegas. Le salon est plein d’innovations mais, comme d’habitude, on n’y découvre pas d’innovations de rup­ture. L’innovation est un pro­ces­sus gra­duel, per­ma­nent. Avec des sou­bre­sauts, des phé­no­mènes d’expansion ou de reflux. C’est un peu ce que l’on pou­vait obser­ver au CES cette année concer­nant la 3D, les télé­vi­sions connec­tées, les inter­faces uti­li­sa­teurs, tout comme avec les tablettes et mobiles. La para­doxe du “rien de vrai­ment nou­veau” cou­plé à “plein de nouveautés” !

La 3D

La vidéo 3D était mise en valeur par l’ensemble des construc­teurs qui veulent pous­ser très proac­ti­ve­ment leurs nou­velles offres asso­ciées auprès des consom­ma­teurs. Cela concerne évidem­ment les écrans, mais aussi les sources (lec­teurs Blu-ray, set-top-boxes) tout comme les moyens de cap­ture qui se mul­ti­plient pour le grand public avec de nom­breuses camé­ras (Sony, Pana­so­nic, JVC, etc.) et quelques appa­reils photo qui fonc­tionnent en 3D (notam­ment chez Sony).

Du côté de l’affichage, le débat fait rage sur les mérites res­pec­tifs des lunettes actives et pas­sives, j’y revien­drai dans le rap­port. On trouve des solu­tions d’affichage sans lunettes dites “auto sté­réo­sco­piques” mais elles sont tou­jours très moyennes. Il faut dire que c’est un pro­blème tech­nique assez dif­fi­cile – voire impos­sible – à résoudre. On se console donc avec des lunettes 3D sty­lées que l’on peut trou­ver chez Sam­sung, LG Elec­tro­nics, tout comme chez une myriade de socié­tés plus spé­cia­li­sées, dont, sur­prise, Pola­roid qui en lan­çait une paire conçue par Lady Gaga, venue sur leur stand et atti­rant une foule considérable.

Télé­vi­sions connectées

La grande nou­velle du CES 2011, c’est que Google TV n’est plus l’épouvantail de l’industrie qu’il incar­nait depuis son lan­ce­ment en avril 2010. Tout du moins, pour l’instant. À la fois parce que qua­si­ment aucune solu­tion nou­velle le met­tant en œuvre n’était annon­cée (à part Sam­sung qui pré­sen­tait en cati­mini un boi­tier “over the top” et un lec­teur Blu-ray sous Google TV), Google ayant demandé à ses par­te­naires construc­teurs de repous­ser leurs annonces. Mais aussi parce que la solu­tion est pour l’instant assez déce­vante à l’usage, tout du moins lorsque l’on sou­haite consom­mer de la télé­vi­sion “à l’ancienne” et pas juste sur You­Tube. J’ai pu le consta­ter chez Sony, Logi­tech et Dish Net­work, les trois stands où Google TV était exploitable.

En consé­quence de quoi, on pou­vait obser­ver les TV connec­tées qui conti­nuent de s‘améliorer “en silo” chez les grands et petits construc­teurs, comme chez LG Elec­tro­nics dont la LG SmartTV semble être une des plus abou­ties de ces solu­tions (ci-dessous).

J’ai pu égale­ment regar­der de près l’offre IPTV multi-écrans de Veri­zon (FiOS) qui a l’air d’être assez com­plète, avec les chaines des grands net­works dis­po­nibles en strea­ming live sur iPad et autres écrans mobiles. Comme quoi, à l’instar de nos FAI en France, les opé­ra­teurs télé­coms ont encore leur rôle à jouer dans les TV connectées.

Télé­com­mandes

Com­ment pilo­ter sa TV ou sa set-top-box, tout comme ses consoles de jeu ? Les com­mandes ges­tuelles étaient très pré­sentes sur le salon. Résul­tat de l’effet “Kinect”, la solu­tion de Micro­soft pour la XBOX 360 qui s’est ven­due à 8 mil­lions d’exemplaires en deux mois, un record dans la sor­tie d’un nou­veau pro­duit grand public. Der­rière ces solu­tions, on trouve des four­nis­seurs de tech­no­lo­gies comme l’israélien Pri­me­Sense à l’origine de Kinect et qui licen­cie à tour de bras sa tech­no­lo­gie de chip­set et son refe­rence design, notam­ment chez Asus (ci-dessous). Vous ris­quez donc de la voir appa­raitre un peu par­tout. Sans comp­ter les tech­no­lo­gies des concur­rents de Prime Sense qui uti­lisent le “Time of Flight” pour détec­ter les mou­ve­ments (nous y reviendrons…).

On trou­vait aussi sur le salon un très grand nombre de petits cla­viers sans fil. Beau­coup plus que les années pré­cé­dentes. Que ce soit pour s’interfacer avec une tablette, un smart­phone ou un PC media center.

Des tablettes mises à toutes les sauces

Je ne vous appren­drai rien en vous indi­quant que l’on trou­vait plein de tablettes au CES.

La plu­part étaient sous Android et notam­ment dans la ver­sion Honey­comb qui sup­porte bien les inter­faces tac­tiles. On en trou­vait autant chez les grandes marques (Sam­sung, LG, Pana­so­nic, Acer, Asus, etc.) que chez les socié­tés chi­noises qui les fabriquent en stan­dard (OEM) ou sur mesure (ODM). À ceci près que les tablettes bas de gamme sont en géné­ral équi­pées de pro­ces­seurs bas prix ané­miques. Il faut s’en méfier.

Un phé­no­mène inté­res­sant : la fron­tière entre smart­phones et tablettes voire net­books s’amenuise. Il est incarné par l’Atrix de Moto­rola, son nou­veau smart­phone sous Android qui pré­sente la par­ti­cu­la­rité d’être asso­ciable à une docking sta­tion en forme de net­book très plat (ci-dessous). C’est très sédui­sant comme concept.

On trou­vait aussi des tablettes sous Win­dows avec ou sans cla­vier, notam­ment chez Dell, Sam­sung et Asus. Peut-être un revi­val des “Tablet PC” qui n’ont jamais vrai­ment percé sur le marché.

ebooks et e-readers

Côté ebooks, j’ai été sur­tout bluffé par l’écran e-paper en cou­leur Mira­sol de Qual­comm (ci-contre), pré­senté pour la pre­mière fois au CES. On attend tou­jours les ebooks qui en seront équi­pés. La pro­duc­tion de ces écrans, pour l’instant au for­mat 7 pouces,  aurait déjà démarré donc cela ne devrait pas tarder.

Les construc­teurs d’ebooks se dif­fé­ren­cient main­te­nant plu­tôt dans les offres de conte­nus que dans leur maté­riel, tel­le­ment ils sont stan­dar­di­sés autour des écrans pro­ve­nant d’e-ink.

Android partout

Le phé­no­mène est très mar­quant. On trouve Android mis à toutes les sauces : dans les tablettes, dans les smart­phones, dans cer­tains net­books, dans les TV et cer­taines set-top-boxes et même dans les auto­ra­dios. Sa gra­tuité n’y est pas pour rien. Mais peu d’appareils sont cer­ti­fiés Google et cha­cun a son propre “Appli­ca­tion Store”. Je vous expli­que­ pour­quoi dans mon rap­port CES 2011.

4G

Ce salon mar­quait aussi la mon­tée en puis­sance de la 4G dans la mobi­lité. Elle est pous­sée par les opé­ra­teurs (Veri­zon, Sprint, etc) comme par les construc­teurs (Sam­sung, LG, etc). Avec des déploie­ments qui vont varier d’un pays à l’autre. On pou­vait cepen­dant noter l’absence d’AT&T sur le salon.

Pro­ces­seurs

Un grand nombre des inno­va­tions évoquées ont comme ori­gine les évolu­tions des pro­ces­seurs embar­qués. Leur rôle est cri­tique et je vais le décryp­ter dans mon rapport.

On trou­vait au CES des socié­tés comme Intel mais aussi Qual­comm, Broad­com, ST Microe­lec­tro­nics, Mar­vell, Athe­ros, qui ont toutes des offres inté­res­santes. Qual­comm, encore lui, pro­pose main­te­nant son Sys­tem On Chip Snap­dra­gon en ver­sion bi-coeur, que l’on retrou­vait dans divers smart­phones. Idem dans la TV, où les Atom Soda­ville et Gro­ve­land (Intel), le 7225 de Broad­com et le 7108 de ST Microe­lec­tro­nics rendent pos­sibles la créa­tion des set-top-boxes de la nou­velle génération.

Le rôle de ces pro­ces­seurs embar­qués est tel que Micro­soft a annoncé au début du salon le sup­port de cer­tains d’entre eux, notam­ment sur archi­tec­ture ARM, dans la pro­chaine ver­sion 8 de Windows.

Il faut aussi noter le rôle tout aussi cri­tique des cap­teurs : gyro­scopes, GPS, accé­lé­ro­mètres, cap­teurs de pres­sion, de lumi­no­sité, qui s’intègrent dans tous ces objets numé­riques. Ces nou­veaux cap­teurs sont notam­ment uti­li­sés dans un tas de solu­tions dédiées à la santé, assez nom­breuses sur le salon.

J’ai même vu un nano­com­po­sant de spec­tro­gra­phie qui pour­rait ser­vir à amé­lio­rer le cal­cul auto­ma­tique de la balance des blancs dans les appa­reils photos.

De l’AppStore au Crapstore

Le « craps­tore » est un dimi­nu­tif décri­vant la variété de ces gad­gets maté­riels qui com­plètent les pro­duits Apple. On en trouve une quan­tité tou­jours incom­men­su­rable, avec la nou­veauté de l’iPad à laquelle tout “l’after mar­ket” s’est adapté en juste quelques mois.

Il y a bien entendu plein de trucs clas­siques sans grand inté­rêt (les pochettes en cuir, les coques en cou­leur, les sta­tions d’accueil) mais d’autres gad­gets peuvent être plein d’ingéniosité ou sur­prendre. Il en va ainsi de ce sys­tème de karaoké pour iPad (ci-dessous). La liste est très longue et vous aurez droit à un repor­tage photo com­plet de ces gad­gets dans le Rap­port CES.

De nom­breux Français

Il y avait beau­coup de Fran­çais au CES 2011, autant visi­teurs qu’exposants. J’ai décou­vert pas mal de socié­tés fran­çaises qui expo­saient pour la pre­mière fois, sans comp­ter les Fran­çais qui dirigent des PME inno­vantes à l’étranger (USA, Hong-Kong). Mon inven­taire des socié­tés fran­çaises expo­sant bat des records depuis que je visite le CES (2006). C’est un signal très encou­rageant du dyna­misme de nos PME innovantes.

Par­rot est l’une d’entre elles et est bien connue pour exploi­ter le CES pour ses grands lan­ce­ments. La société a encore mar­qué des points avec le lan­ce­ment de son auto­ra­dio sous Android, l’Asteroid (ci-dessous).

Voilà pour com­men­cer. Ce salon reste un émer­veille­ment tel­le­ment on y croise de nou­veau­tés, même si elles ne sont pas radicales. Les usages numé­riques sont infi­nis, les com­bi­na­toires illi­mi­tées. Il faut juste savoir conser­ver le regard d’un enfant émer­veillé lorsque l’on visite le salon. Sans comp­ter cette folle ville qu’est Las Vegas.

Retour et rap­port CES

Le rapport exploi­te une base de 4.400 pho­tos, 190 vidéos et 120 Go de conte­nus à trier, cap­tés avec mon Canon 5D Mark II. Du pain sur la planche ! Vous pouvez télécharger le rapport de Olivier Ezratty :


Vous pou­vez aussi regar­der les inter­views sous Skype réa­li­sées avec notre ami à tous Jean-Michel Billaut pen­dant toute la durée du salon (Day 1Day 2Day 3Day 4 et Day 5) !

Article initialement publié sur le blog Opinions Libre

>> photos de Olivier Ezratty / image de clé CC TechCocktail

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