OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Amazon ouvre son locker musical http://owni.fr/2011/04/01/amazon-ouvre-son-locker-musical/ http://owni.fr/2011/04/01/amazon-ouvre-son-locker-musical/#comments Fri, 01 Apr 2011 07:00:09 +0000 David Héry - AF83média http://owni.fr/?p=31412 David Héry est rédacteur en chef du site AF83média.

Apple et Google sont sur les rangs pour lancer leur service de musique dématérialisée mais Amazon les devance en proposant le service Amazon Cloud Player, permettant aux utilisateurs de stocker leur bibliothèque musicale en ligne et d’y accéder via n’importe quel ordinateur ou mobile Android.

Avant toute chose, l’Amazon Cloud Player n’est disponible pour l’instant que sur le marché américain. Néanmoins, il devrait arriver chez nous très prochainement. L’Amazon Cloud Player se compose d’un Cloud Drive et d’un Cloud Player, le premier servant à stocker les fichiers et le second à les lire. Amazon met à disposition gratuitement 5 Go d’espace pour tous les internautes (soit 1000 chansons, 2000 photos ou 20 minutes de vidéo) et 20 Go à condition d’acheter un nouvel album sur Amazon. Ensuite, il est possible d’agrandir son espace de stockage à 50 Go (50 $ par an), 100 Go (100 $ par an), 200 Go (200 $ par an), 500 Go (500 $ par an) ou 1000 Go (1000 $ par an). Ce service est disponible sur les mobiles Android mais pas sur les iPhone. Amazon compte ainsi proposer une alternative à l’hégémonie d’iTunes.

“Nos clients nous ont dit qu’ils ne voulaient pas télécharger de musique sur leurs ordinateurs et portables de travail parce qu’ils trouvaient cela difficile de déplacer la musique d’un appareil à un autre”

explique Bill Carr, vice-président du département musique et films chez Amazon.

“Maintenant, qu’ils soient au boulot, à la maison ou sur leurs trajets, les clients peuvent acheter de la musique via Amazon MP3 et la stocker dans le cloud et la jouer n’importe où”.

La consommation de musique dématérialisée représente également un enjeu majeur pour Google et Apple. Google devait lancer à Noël dernier un service équivalent à celui d’Amazon. D’après les informations qui ont filtré,

ce service permettrait d’accéder à un espace de stockage virtuel et à une boutique de téléchargement pour 25 $ par an. Il permettrait également aux utilisateurs de partager des playlists. Pour le moment, Google est en pourparlers avec les maisons de disques pour s’entendre sur les conditions de rémunération du service.

De son côté, Apple travaillerait également sur un service de musique dématérialisée adossé à l’iTunes Store. Fin 2009, la société avait racheté lala.com, un site de streaming concurrent d’iTunes. Fermé depuis mai 2010, le site n’a pas réouvert depuis mais Apple utiliserait ses ingénieurs pour développer un service similaire à celui proposé par Amazon. Ce service serait inclus dans une nouvelle version de MobileMe qui permettrait à l’internaute d’accéder à ses fichiers musicaux via un service de musique en ligne, le tout pour 20 $ par an. Apple aurait déjà conclu un accord avec la major Warner.

A côté de ces poids lourds d’internet, de plus petites structures travaillent sur le concept de musique dématérialisée. Ainsi, lors du MidemNet Lab qui se tenait au cours du Midem en janvier dernier, l’application anglaise Psonar faisait partie du concours désignant LA start-up musique digitale B2C de l’année. Psonar permet à ses utilisateurs de sauvegarder leurs musiques dans un cloud et d’y accéder à tout moment et depuis tout type d’appareil. La start-up a développé également une nouvelle façon d’écouter de la musique légalement, le Pay-Per-Play. L’utilisateur peut écouter une chanson une fois. Cette écoute lui coûte une mini-facturation reportée sur son abonnement téléphonique.

Enfin, Spotify, pionnier sur le marché européen, permet depuis un an la fusion d’une bibliothèque musicale locale avec les morceaux du service. Mais ce service n’est pas disponible aux Etats-Unis. Autant dire qu’Amazon vient de frapper un grand coup sur le marché américain et que ses concurrents vont devoir réagir au plus vite. A suivre…

- EDIT -
Sony Music Entertainment a été la première major à réagir à l’annonce d’Amazon, par la voie d’un des ses porte-parole, qui a confié au Wall Street Journal : “Nous sommes déçus que le service de “locker” proposé par Amazon ne soit pas en accord avec les licences Sony Music”.

Ce à quoi Craig Pape, le directeur des services musicaux chez Amazon a répondu qu’il n’était pas d’accord : “Nous n’avons pas besoin de licence pour stocker de la musique. Notre service a les mêmes fonctionnalités qu’un disque dur externe”. (source : The New York Times).

Article initialement publié sur AF83média

Crédits photos : CC FlickR flakeparadigm ; cuttlefish

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Liberté, je chiffre ton nom http://owni.fr/2011/03/01/liberte-j%e2%80%99encrypte-ton-nom/ http://owni.fr/2011/03/01/liberte-j%e2%80%99encrypte-ton-nom/#comments Tue, 01 Mar 2011 07:58:58 +0000 diane de sysop http://owni.fr/?p=49032 Internet aurait joué le rôle de moteur lors des révolutions en cours dans les pays arabes. Des thèses, plus ou moins convaincantes, tentent de cartographier l’impact de Twitter ou de prédire l’avenir politique du geek Wael Ghonim, devenu égérie de la dissidence numérique. Il faudrait peut-être renverser la perspective : garder aux hommes leurs actes, et à Internet sa fonction d’outil. Et si c’étaient en revanche les événements – et ce malgré l’incertitude qui les accompagnent encore aujourd’hui – qui réveillaient l’avenir de la liberté du web ?

Le paradoxe a voulu que, lorsque le pouvoir égyptien a coupé Internet au titre de la répression, ses citoyens ont redécouvert les modems bas débit ou activé le partage des dernières connexions encore en activité. Et par rebonds, les détournements offerts par un retour à la Low Tech ont bousculé les habitudes. Alors que l’action des Anonymous (selon leurs dires, groupe de « hackers on steroïds ») a prouvé sa limite dans le cas d’une censure à grande échelle, des applications peu connues, destinées à un public réputé initié, sortent du bois.

«Et par le pouvoir d’un mot» : aLiveIn

Faites un pas, ne soyez pas effrayés; c’est une révolution, pas un jeu d’enfants ! Bougez-vous ! Que la paix soit avec vous ! [Voice-to-Tweet, 11 février 2011]

Le 31 janvier, alors que la révolution avait commencé en Égypte depuis cinq jours et que le dernier opérateur Internet venait de cesser d’émettre, Google, Twitter et SayNow se sont associés pour lancer le service Voice-To-Tweet, qui permet, à travers des numéros internationaux, de laisser des messages vocaux repris non seulement sur Twitter, mais également sur AliveIn, entièrement dédié aux révolutions arabes.

Cette évolution technologique, qui permet de contourner l’absence d’accès à Internet, est, à elle seule, le fil émouvant d’échanges incertains. Quelques mots lâchés à toute vitesse depuis Le Caire, prières et discours prêchés au long cours via des lignes plus confortables aux quatre coins du globe, jusqu’aux youyous de la victoire.

C’est désormais, avec les violences et incertitudes de la situation libyenne, une des premières sources d’information à avoir attesté de bombardements de civils, via le fil AliveInLibya. Angoisse, souffles, colère : ce n’est pas seulement l’information partagée qui importe, c’est qu’elle prenne corps : les manifestants, leur entourage, y inscrivent une parole plus souple que les tweets.

Peut-être parce qu’ils sont plus nombreux à pouvoir y avoir accès. Peut-être parce qu’ils ont moins peur d’y être reconnus, car les messages ne nécessitent pas de pré-enregistrer un profil. Peut-être parce que ce qui a d’abord été pensé comme une solution de repli a soudain permis de littéralement donner de la voix, de chanter, et, aussi, car la pudeur n’est pas de mise, d’appeler au secours la communauté internationale.

« …Bien au-dessus du silence… » : la crypto pour tous

The greater story of my life has been the story of a giant pendulum swinging back and forth along a metaphorical axis of desire.
[Moxie Marlinspike]

Quand la censure est forte et pour les dissidents les plus surveillés, ce système non chiffré n’est pas nécessairement une protection suffisante. Que se passe-t-il quand toutes les communications peuvent être interceptées ? Là encore, les révolutions en cours ont incité les hacktivistes à mettre à disposition leurs moyens de passer outre. Le hacker américain Moxie Marlinspike, aux dreadlocks aussi longues que ses talents de cryptographe qui lui valent parfois la curiosité des autorités, a développé un système de chiffrement des échanges voix et SMS par VOiP présenté aux États-Unis en 2010.

Il a choisi toute séance tenante de mettre son application à disposition gratuitement en Égypte, ce qui nécessitait une autorisation d’exportation et une mise aux normes pour fonctionnement local (il semble que ses efforts n’aient finalement pas servi, Moubarak ayant quitté le pouvoir au même moment).

TextSecure et RedVoice ont pour l’instant deux limites : il faut un accès de type réseau 3G ou Wifi et un terminal mobile compatible avec Android. Il est facile de sourire à l’idée qu’avec 3% d’utilisateurs mobiles utilisant Androïd au Moyen-Orient, ça ne sert à rien, ou à bien peu. C’est vrai. Mais en Chine, Androïd domine un  marché de 800 millions d’utilisateurs. Par exemple.

« Sur la mousse des nuages… » : détourner la Nébuleuse.

Engineers sometimes mystify what they do, as a form of job security. I prefer to make light of it, so more people will be tempted to give it a try. [Dave Winer]

Lorsqu’il s’agit d’imaginer comment contourner la censure à grande échelle, il faut aussi faire confiance aux pionniers : dépasser les barrières, ils ont eu cela dans le sang avant l’invention du Apple II (1977). C’est le cas de Dave Winer. Dave Winer fait partie de ces génies d’une ancienne génération, qui se définissent comme « entrepreneurs », sont politiquement libéraux, philanthropes et engagés, n’ont pas de Facebook même s’ils n’ont rien contre – et ne s’entendent pas forcément entre eux.

Dave Winer a un autre trait de personnalité très caractéristique des nerds : il est un peu parano sur la sécurité et la vie privée. Quand ce genre de personnage annonce qu’il faut créer des réseaux hébergés par le cloud (virtualisation des données, comme le EC2 Amazon et la version libre OpenStack) qui résistent à une panne ou censure localisée, il est tentant de le croire, même si on ne comprend pas tout.

Dave Winer

Il appelle ça des Fractional Horsepower News Networks : des réseaux d’information indépendants, qui ne pourraient être court-circuités que par un arrêt complet, international, des connections Internet, puisqu’ils sont délocalisés, immatériels. L’idée de détourner la nébuleuse pour y construire son petit coin de paradis (un serveur), dédié au partage d’informations et de connaissances accessibles au plus grand nombre sans contrainte technique majeure, a de quoi faire rêver. Et pas nécessairement que rêver. Dave Winer, « computer poet »,  est le père de deux petites inventions dont vous avez peut-être entendu parler : le podcast et le blog.

Aucune de ces technologies, prise isolément, ne peut avoir un impact suffisant sur la circulation de données ; de même qu’Internet ne garantit pas, hélas, une issue heureuse aux soulèvements en cours. C’est leur combinaison, leur multiplication, et leur articulation à d’autres mécanismes, dont le célèbre TOR, qui peut permettre de contourner les grandes murailles des pare-feux et faire émerger la prise de paroles.

Avec l’avènement des révolutions orientales, Internet s’éprouve comme un eldorado pour la mètis, cette ruse chère à Ulysse. Et les chevaux de Troie, soudain, deviennent monture pour les ninjas.


crédits photo via Flickr: Encrypted VPN par Loppsilol [cc-by] ; Numbers by Pink Sherbet Photography [cc-by] ; Dave Winer par Joi Ito [cc-by] ;

Retrouvez les autres articles du dossier :
Les Anonymous dans l’agenda politique et Les Anonymous sautent sur Téhéran

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David Hyman, PDG de MOG: YouTube, la gratuité et le reste… http://owni.fr/2011/02/26/david-hyman-pdg-de-mog-youtube-la-gratuite-et-le-reste/ http://owni.fr/2011/02/26/david-hyman-pdg-de-mog-youtube-la-gratuite-et-le-reste/#comments Sat, 26 Feb 2011 15:28:20 +0000 Kyle Bylin http://owni.fr/?p=48615 Kyle Bylin est à l’origine du site américain Hypebot.com, qui se fait l’écho des évolutions de l’industre de la musique. Vous pouvez le retrouver sur Twitter (@hypebot, @kbylin)

Cet article est une réponse à l’article : “Youtube : un modèle gratuit qui paye?

J’ai eu l’occasion d’échanger avec David Hyman, le fondateur et PDG de MOG, un service musical basé sur le “cloud”. Au cours de cet entretien, David et moi-même abordons l’impact de YouTube sur la musique et pourquoi les périodes d’essai gratuites sur les services de musique par abonnement doivent être allongées.

Ce qui suit est une version éditée de notre conversation.

Hypebot : Bonjour Dave, merci de m’accorder un peu de votre temps.

David Hyman : Bonjour !

Commençons doucement, nous passerons progressivement à d’autres sujets. Eliot Van Buskirk, du site Evolver.fm, a récemment publié un article à lire absolument. Il y disait des choses intéressantes sur YouTube. Globalement, ce service a beaucoup apporté à la musique, mais paradoxalement, il lui fait sans doute aussi du tort. Pensez-vous que YouTube, avec toute sa musique en accès libre et le fait que chacun puisse y partager ce qu’il veut, soit néfaste pour MOG ?

Je ne pense pas que nous perdions des abonnés au profit de YouTube. Cette expérience (YT) concerne plutôt les tubes. On ne peut pas y écouter une succession de chansons. Il n’y a pas de programmation passive. Pas de playlists. Pas d’albums. Le principe est plutôt : “un titre à la fois”. Avant 1985 on ne faisait pas de clips vidéo, et pourtant il y a eu beaucoup de BONNE MUSIQUE avant 1985 ! Après cette date, la video a été cantonnée à quelques chansons par album au mieux. Si vous voulez entendre les tubes, écoutez la radio ou allez sur YouTube. Je ne crois pas que nos abonnés soient ce type de consommateurs.

D’accord. L’autre point soulevé par Buskirk dans son papier concerne le fait que la plateforme pousse de nombreux développeurs à intégrer l’API de YouTube, au lieu d’essayer de monter des partenariats avec des services existants comme MOG. Le fait que l’API de YouTube soit disponible porte-t-il préjudice à MOG du point de vue de l’innovation et de l’intégration ?

Je n’ai aucun site séduisant utilisant l’API YouTube pour offrir une expérience d’écoute satisfaisante qui me vienne à l’esprit. Nommez-en un ! Vous voyez, YouTube ne nous rend pas service. Mais il ne nous fait pas vraiment de mal, voire pas du tout. Ca me fait juste un peu mal au coeur. Mais je n’en suis pas non plus à perdre le sommeil en m’inquiétant des projections de MOG par rapport à YouTube !

Et SoundHound alors ? Plutôt que de recommender des streams de 30 secondes depuis MOG, leur app envoit les gens vers Youtube.

C’est vrai. Mais Soundhound veut aussi inclure MOG ! Ce sera bientôt le cas. On peut payer à Soundhound des frais d’affiliation. Qu’est ce que Youtube paie à Soundhound ?

Bien vu. Passons ! Un des sujets qui m’interpellent le plus concerne les périodes d’essais gratuits. Pensez vous qu’elles soient trop courtes ?

Bonne question ! Je ne pense pas qu’on ait suffisamment de données pour le moment. Je dirais que Netflix se débrouille très bien pour ce qui est de proposer des prestations satisfaisantes dans le cadre d’une période d’essai de durée comparable.

Et pour les films, est-ce différent ?

Peut être ! Je crois qu’on va en arriver là. Pour fournir davantage que ce que l’on fournit déjà, cela coûterait davantage aux labels. Et quand bien même, ils restreindront toujours la quantité de contenu gratuit que l’on peut proposer. Les frais associés à la mise à disposition de contenu gratuit au delà de la période d’essai gratuit que nous proposons sont prohibitifs. Les labels exigent des taux plutôt élevés sur la base du “par titre/par stream”. La modélisation qu’on a faite nous apprend qu’on ne pourrait pas compenser les coûts par la conversion et la publicité. Est-il possible qu’on ait tort ? Oui. Les taux sont très élevés, croyez-moi. Si je pouvais donner davantage et faire fonctionner le modèle, je le ferais. Nous passons une bonne partie de notre temps chaque jour à plancher sur ce sujet.

C’est aussi comme ça que je vois les choses. Les coûts sont beaucoup trop élevés, quoi qu’on en dise.

Nous essayons de trouver des solutions pour donner gratuitement de manière restreinte et ce de mieux en mieux et avec succès ! Ma seule inquiétude, c’est qu’une fois qu’on passe de “gratuit” à “gratuit restreint”, cela devient un “essai gratuit” et donc on perd l’intérêt de la vraie gratuité. Avec les coûts auxquels on fait face, on ne peut pas fournir du vrai gratuit.

J’imagine que le “gratuit restreint” au final ce serait une fonction “radio” ou du streaming limité. Pour moi, le bon côté d’un tel arrangement est que cela donne aux amateurs de musique le temps de se construire leur bibliothèque musicale. Plus ils aiment de chansons (chacune étant stockée dans leur bibliothèque), plus il est facile pour eux de devenir “propriétaires” de ces titres et de voir la valeur qu’a le fait de payer pour y accéder.

Je suis d’accord.

De mon point de vue, le cas des films est bien différent de celui de la musique. Je dirais que les gens ne se considèrent pas propriétaires des films qu’ils regardent en streaming sur Netflix parce qu’ils ne sont pas sensés l’être. La musique, ce n’est pas comme le cinéma. C’est plus comme le canapé que vous louez. Une fois qu’il est chez vous, vous avez du mal à voir comment vous allez en faire “votre” canapé. Une fois la période d’essai passée, vous n’aurez plus envie de vous en séparer. En vrai, vous pensiez que vous l’aviez loué, mais en fait, vous l’avez dors et déjà acheté.

Bien vu. Je dirai ceci : ne prenez pas ce qui suit pour argent comptant, ce n’est qu’une question de données… On a testé deux options : barrière de péage contre accès gratuit. Demander aux gens de payer avant d’utiliser l’essai gratuit s’est révélé meilleur en termes de conversion, au même niveau que le revenu net. On a tendance à penser que les choses dépendent davantage de comment le visiteur est arrivé sur site. Dans certains cas, ce serait mieux sans paywall. Et cela dépend aussi de la plateforme utilisée : smartphone, web etc…

Je crois que vous avez raison. Là tout de suite je ne me souviens pas des études faites à ce sujet. Mais globalement, nous échouons à prendre en compte la variable “origine” dans la prise de décision. Alors, comment se séparer du fardeau de la “propriété” sans pour autant enlever les avantages cognitifs ?

Les gens doivent pouvoir accéder à la musique de partout : depuis leur voiture, leur télé, leur téléphone, et leur console de jeu. Partout. Je pense que les bénéfices de la propriété sont déjà morts. Le problème, c’est principalement un manque d’éducation.

Tout à fait. Autre chose : quand on dit (et par “on” je veux dire “je” !) qu’il faut que les utilisateurs assument la propriété de leur musique, ça ne veut pas dire grand chose. Une génération entière de fans n’a absolument aucune idée de ce que signifie “posséder de la musique”, sous quelque forme que ce soit. Cette génération n’a d’ailleurs jamais eu à faire d’effort non plus pour la trouver.

Oui, comme ma fille de 7 ans. Elle a MOG sur un iPod dans une station d’accueil Altec Lansing dans sa chambre. Elle est accro. Elle ne sait pas faire la différence entre le téléchargement et le streaming. Allez, je dois me sauver !

Pas de problème, merci d’avoir pris le temps de discuter !

Cet article est une réponse à l’article : “Youtube : un modèle gratuit qui paye?

Article initialement publié sur Hypebot.com

Illustrations CC FlickR: william couch, orange_beard, samantha celera

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http://owni.fr/2011/02/26/david-hyman-pdg-de-mog-youtube-la-gratuite-et-le-reste/feed/ 3
Première édition de Music Net.Works http://owni.fr/2011/02/21/premiere-edition-de-music-net-works/ http://owni.fr/2011/02/21/premiere-edition-de-music-net-works/#comments Mon, 21 Feb 2011 15:56:53 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=30450 Le lundi 21 février voit la naissance d’un nouveau rendez-vous regroupant les professionnels de la musique, du web et des nouvelles technologies.

Session #1 : “Le MP3 est mort, vive l’URL ?”

Lundi 21 février 2011 de 19h à 22h à La Cantine

Alors que les usages de consommation de musique enregistrée subissent de profondes mutations, peut-on considérer que l’immatériel primera sur le fichier, de quelle manière et avec quels résultats pour les différents acteurs concernés ?

C’est avec ce thème volontiers provocateur que Music Net.Works sera lancé le 21 février à l’initiative d’OWNImuic, Silico Sentier, Le Bureau Export de la musique française et Paris Mix, et activement soutenu par Spotify, MXP4 et AF 83 Media.

Pour nous éclairer sur le sujet, un panel d’experts débattra et nous proposera sa vision professionnelle de cette évolution majeure de la musique enregistrée.

- Intervenants -

Aymeric Pichevin , correspondant en France du magazine Billboard, maître de conférence associé à La Sorbonne
Annina Svensson, directrice générale de Spotify France
Franz Tournadour , fondateur de Playlive
Romain Becker, Chef de projet web et nouveaux produits chez Believe Digital
Yvan Boudillet, responsable du département digital business development chez EMI Music France
Laurent Bizot, directeur général du label No Format
Antoine El Iman, co-fondateur de Noomiz
Gilles Babinet, entrepreneur, fondateur de MXP4, Musiwave, Awdio et CaptainDash

Avec la participation de Philippe Cohen Solal de Gotan Project

A partir de 21 h : drinks + musique !

Music Net.Works, c’est quoi ?

Musique, web, start-ups, digital, innovation, contenus, monétisation, business model, évolutions… Des mots souvent associés en théorie, mais rarement confrontés dans la pratique…

C’est pour cette raison que nos partenaires et nous avons voulu créer un rendez-vous parisien des acteurs de la musique et du web mixant débats, workshops, networking et rencontres artistiques.

A chaque édition, une problématique d’actualité et un panel d’experts pour confronter leurs points de vues. L’ambition de Music Net.Works et d’être pérenne et de proposer chaque mois un débat.

Si vous ne pouvez pas être présent à ce lundi à la Cantine, vous pouvez néanmoins suivre la soirée en direct via le site Music Net.Works, le site de la Cantine ou encore notre page Facebook.

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2011: année charnière pour l’industrie de la musique? http://owni.fr/2011/01/17/2011-annee-charniere-pour-lindustrie-de-la-musique/ http://owni.fr/2011/01/17/2011-annee-charniere-pour-lindustrie-de-la-musique/#comments Mon, 17 Jan 2011 15:28:27 +0000 Gilles Babinet http://owni.fr/?p=29594 Gilles Babinet est l’un des investisseurs qui comptent sur le marché de l’innovation. Entrepreneur averti, il monte sa première affaire à 22 ans, a fondé Absolut Design en 1991, Musiwave en 2002, co-fondateur des starts-ups MXP4, Eyeka ou encore Awdio….il prête aujourd’hui son expertise à des sociétés telles Digibonus, CaptainDash, Sac Addict. Initialement publiées en anglais sur le blog du Midem, voici les 10 préconisation de Gilles Babinet pour cette nouvelle année 2011.


Pour ainsi dire chacune des 10 années passées, l’industrie de la musique a été sujette à un déferlement de mauvaises nouvelles et de non moins mauvais résultats. L’idée générale est que la musique est un business en voie de disparition (et effectivement les ventes se sont rétractées de 2/3 en 10 ans), incapable de réagir correctement au changement de paradigme qu’amène Internet ; condamné à subir.

Il est notoire que cette industrie a été particulièrement médiocre dans la façon dont elle a essayé de coordonner son action -nous avons bonne mémoire de meetings avec des patrons de maisons de disques, au préalable desquels on venait nous recommander de ne pas même mentionner le concept de mp3- et encore moins de créer une alternative crédible. On connait la suite. Cependant, l’année qui vient de s’écouler est intéressante car elle semble marquer un début de transition. Il semblerait – cela reste à confirmer- que les chiffres 2010 vont être dans le vert pour la première fois depuis 10 ans. 2011 pourrait donc être plus intéressante encore, si ces nouvelles tendances venaient à s’affirmer. Voici donc nos dix “prévisions” pour 2011. Inch Allah.

En Europe au moins, la chute des ventes va s’arrêter

Nous reconnaissons qu’il s’agit d’une prédiction risquée, mais si l’on s’en tient au 3 premiers trimestres de l’année 2010, il semble que les ventes ont atteint un premier plateau et que les ventes digitales compensent -enfin- la chute des ventes physiques. Même en France, marché traditionnellement difficile en raison du niveau élevé du piratage, les ventes se tiennent plutôt bien. Les plateformes digitales semblent décoller, ce que Hadopi et -dans une moindre mesure- la carte musique devraient renforcer. Ceci étant dit, il est probable que cette nouvelle donne profite surtout aux majors et aux nouveaux acteurs, de type Believe, tandis que nombre d’indépendants pourraient continuer à souffrir.

La musique, c’est le cloud

En très peu de temps, la musique streamée est devenue super-cool. Et même si Spotify semble avoir quelques difficultés pour rentrer sur le marché américain, son modèle est généralement reconnu comme étant particulièrement prometteur, surtout depuis qu’ils ont révélé avoir des taux de transformation entre utilisateurs gratuits et payant bien plus élevés qu’initialement prévus.
Les avantages d’une telle offre sont tellement évidents qu’elle devrait vite devenir commune à la plupart d’entre nous : plus de mp3 à ranger, accès depuis n’importe quel ordinateur, fonction sociales intégrées, répertoire presque illimité, piratage impossible…

Itunes se déplacera vers le cloud

Depuis sa création, il y a dix ans, son offre n’a évolué qu’à la marge. La modification la plus substentielle ayant sans doute été la suppression de toute DRM, 2 ans auparavant. En conséquence Itunes est clairement perçu comme un soft dépassé, tandis qu’une partie importante de sa base d’utilisateurs considère désormais qu’il est difficile à utiliser, selon nombre d’études. On peut par ailleurs parier que les petits gars de Palo Alto ont toutes les difficultés du monde à faire quelque chose qui soit mieux que Spotify ne l’est.

Le marché devrait commence à se refragmenter

Au cours des dix dernières années, la prédominance de Itunes a été impressionnante. Jusqu’à 88% de part de marché aux États-Unis (selon Steve Jobs himself) et une part de marché mondiale de l’ordre de 70%. Les Majors ont (auraient?) appris la leçon et feraient en sorte que cela ne se reproduire pas. Bonnes nouvelles pour eux: il ya beaucoup de nouveaux arrivants prêts à prendre leur part du gateau.

Le Mp3 est en préretraite

Le format cent fois hype a été inventé il y a plus de 20 ans. Il est maintenant clair qu’en terme d’efficacité, de compression et de fingerprint, il est loin d’être le meilleur. Et le passage au cloud va achever de faire rentrer le mp3 dans histoire.

Le trafic P2P… diminue

Peut-être pour la première fois en plus de dix ans, l’échange P2P a connu de fortes déconvenues, avec des acteurs comme LimeWire obligés de cesser leur activité alors que les peines de prison des fondateurs PirateBay ont été confirmées par la court d’appel suédoise. En conséquence, le trafic P2P semble avoir régressé un peu partout (il n’existe pas de chiffre agrégé). La piraterie ne s’en parle pas moins bien, grâce au fast download… aux VPN et sites illégaux de streaming. Pour 2011, le nombre croissant de lois (comme Hadopi en France) pourrait considérablement réduire ces activités illicites, du moins en Europe.

Les Fans sont de retour … au moins sur Facebook

Vous pensez que les “fans” Facebook ne sont pas significatifs en termes de business de la musique? Doigt dans l’oeil. La tendance de fond semble être clairement de lier profondément la musique aux réseaux sociaux… Pour nos ados, écouter de la musique signifie regarder des vidéos (forcément musicales), jouer à des jeux vidéo (en même temps) ou être sur FB.. Cela pourrait expliquer pourquoi la valeur faciale de la musique a chuté à près de zero pour les très jeunes ados (étude Nielsen sur le marché UK). Toutefois, la bonne nouvelle est que 12 des 20 profils Facebook ayant le plus grand nombre de Fans sur Facebook sont des musiciens. Et ces artistes se rendent à présent compte qu’ils peuvent vraisemblablement monétiser ces fans. L’exemple du Social Gaming en plein essor a prouvé que le nombre de fans n’est pas un concept fumeux de marketeur en manque de reconnaissance, mais est une source de revenu tangible. Mettre en relation les fans (via des réseaux sociaux) avec la musique peut être un axe de développement très significatif pour l’industrie musicale. Quelques start-ups -dont MXP4- ont clairement identifié cette opportunité. On en est encore au début, mais il ya des raisons de croire qu’il peut s’agit d’un business encore plus explosif que le marché de -feu- les sonneries de mobile.

La valeur change de mains

Cela a commencé il y a longtemps avec les e-commerçants (Itunes, Amazon …) et plus récemment avec les plateformes type Deezer, Spotify, Pandora … Mais depuis deux ans, les sociétés de type CDBaby, Orchard, et Believe -issues du monde de l’Internet- augmentent clairement leurs parts de marché. On notera que l’augmentation des tarifs Sacem est également de nature à renforcer des offres de type Jamendo. On ignore cependant si les revenus de ces nouveaux acteurs »sont reconnus et admis par l’industrie de la musique (nous supposons que la situation diffère d’un pays à l’autre). En revanche nous parions sur le fait qu’ils vont devenir en 2011 des acteurs à part entière de l’écosysteme, à l’instar du fondateur de Believe, devenu patron…. du Snep.

La Long tail crée de la valeur

Même si ce concept popularisé par Chris Anderson est à présent largement critiqué, nous ne pouvons pas nier que la valeur de la musique située dans la partie longue de la queue a considérablement augmenté et qu’elle représente à présent une grande partie du chiffre d’affaires nouvellement créé.

2011, nous pourrons voir l’émergence d’un artiste grâce à Facebook

Mark Zuckerberg a récemment fait comprendre qu’il souhaite “réorganiser” le contenu (y compris la musique) en peu de temps, grâce à de nouvelles fonctionnalités Facebook qu’il devrait peu à peu dévoiler en 2011. Il comprend bien qu’ayant construit le plus grand réseau social de tous les temps il dispose d’une plateforme unique pour promouvoir de nouveaux contenus. Notre pari est que, en 2011, un artiste qui attendra un jour une renomée mondiale émergera grâce à Faceboook.

Initialement publié sur: sawnd

Crédits photos CC flickr: feuillu; alberto cerriteno; Scammah

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Le jour où Spotify a changé le monde http://owni.fr/2011/01/06/le-jour-ou-spotify-a-change-le-monde/ http://owni.fr/2011/01/06/le-jour-ou-spotify-a-change-le-monde/#comments Thu, 06 Jan 2011 13:10:13 +0000 Kyle Bylin http://owni.fr/?p=29362 A l’aube de cette nouvelle décennie, le secteur de la musique digitale reste inchangé. Spotify n’a pas été lancé aux Etats Unis en 2010. Les choses auraient-elle été différentes si tel avait été le cas ? Sûrement. Si ce service avait été lancé aux Etats Unis, on aurait connu une révolution semblable à celle provoquée par le phénomène iPod. Cela aurait pu arriver et c’est d’ailleurs toujours envisageable. Loin de moi l’idée de jouer les évangélistes bornés.

Il est vrai qu’à la vue des caractéristiques sociales de Spotify, les déclarations de Daniel EK semblent crédibles, notamment lorsqu’il dit que sur Facebook, la musique va devenir plus populaire que les photos. L’échange de photo est l’essence même de Facebook, tout comme les jeux FarmVille ou CityVille. La mise à jour des statuts et les échanges de liens jouent également un grand rôle. Nous aimons bien savoir ce que font nos amis. Toutefois, une large majorité d’inscrits n’utilise que très peu son compte.

La plupart des gens est sur Facebook, mais ne l’utilise pas. Ils ne passent pas tout leur temps à poster des photos, ni à mettre à jour leur statut. Spotify veut changer ça. Le partage de musique très facile devrait permettre aux derniers utilisateurs de facebook d’échanger à nouveau. C’est une activité qui demande un minimum d’effort. Pas d’inquiétude, votre futur employeur ou école ne risque pas de tomber sur des photos compromettantes puisqu’il ne s’agit que de musique.

Avec Spotify, il y a une section “Nouveautés”, à la manière des fils d’actualités de Facebook, qui devrait un jour en proposer un consacré exclusivement à la musique, développé par Spotify. On peut imaginer un player permettant de streamer vos nouveautés musicales pendant que vous consultez vos autres messages.

Un jour, la musique fera partie intégrante de Facebook.

Pourquoi ? C’est simple.

Le temps passé sur le site. La musique est la meilleure façon d’accroitre le temps passé sur Facebook. Quand Mark Zuckerberg parle de révolutionner l’industrie du contenu en 5 ans, il sait de quoi il parle. La musique est vitale pour garder les utilisateurs plus longtemps sur Facebook. C’est pourquoi, des extraits musicaux de 30 à 90 secondes sur Facebook ne suffisent pas.

L’évolution de la musique sociale

Spotify est ce qui se fait de mieux pour rendre la musique sociale et facilement partageable. Vous pouvez importer vos amis Facebook directement sur Spotify, instantanément partager vos suggestions et leur faire écouter. Il devient de fait beaucoup plus facile de partager et consommer de la musique. La dimension sociale devient une norme. On a toujours échangé de cette manière, sauf qu’avant c’était sous forme de fichier ou de lien. Maintenant, les échanges sociaux se font sur Spotify.

Comme Ek l’a annoncé dans Wired, son ambition est de ramener nos habitudes de consommation de musique illégales vers une pratique légale. Plutôt que d’encourager les échanges de fichiers entre inconnus, Spotify nous permet de partager la musique avec notre réseau, et plus important encore, nos amis. Alors que les internautes veulent toujours avoir la possiblité de téléchager de la musique gratuitement et facilement transférable sur sur leur iPod ou sur CD, leur bibliothèque n’est pas éternelle sur un disque dur. En revanche, elle peut l’être dans le cloud.

Les bibliothèques musicales passent de tangibles à intangibles – d’une expérience concrète à une expérience sociale. Petit à petit la frontière entre bibliothèque personnelle et collective deviendra de plus en plus floue.

Un jour , les internautes streameront un torrent avant de le télécharger. C’est juste une question de temps. Parallèlement, Spotify donne aux utilisateurs la possibilité de pré-écouter tout ce qu’ils souhaitent, de se constituer une énorme bibliothèque musicale, et de la partager sans difficulté avec leurs amis. C’est l’évolution de la musique sociale : tous les iPod et iPhones seront connectés entre eux. La musique s’infiltrera sur tout les réseaux sociaux et deviendra elle-même un objet social.

Nos applications et écrans tactiles devraient nous permettre d’interagir à nouveau avec notre musique, et de le faire tous ensemble. L’avenir, c’est le croisement entre Spotify, Facebook et Aweditorium. De plus, la barre de statut, la réussite, et l’interactivité – des informations-clé dans l’univers du jeu vidéo – feront partie intégrante de l’expérience musicale.

L’engagement des fans s’en trouvera accru. L’avenir est le croisement entre la consommation de musique et le jeu. L’échange de musique sera encouragé et non plus entravé.

Le futur qui n’arrive jamais

Si Spotify avait été lancé avant 2011, une tempête médiatique aurait eu lieu. D’une certaine manière, le fait que la plateforme ne se soit pas encore installée aux Etats-Unis est presque symbolique. Pourquoi ? Une décennie de musique vient de se terminer.

Tout ce que l’on écrira sur l’industrie de la musique dans les vingt prochaines années pourra faire référence à ce que la période 2000 – 2010 révèle de l’incapacité des majors à appréhender le changement et à donner aux fans ce qu’ils attendaient vraiment. Maintenant, si Spotify est lancé au cours de cette décénnie, tous les auteurs considèreront l’événement comme un nouveau départ.

En imaginant que ce chapitre sur l’industrie musicale soit déjà écrit, que nous révèle-t-il ?…Qu’il a fallu dix ans aux labels pour mettre en place un service d’écoute de musique qui se positionne comme une alternative au piratage. Il rendra compte de l’évolution continue de la musique sociale.

Et, nous l’espérons tous, il traitera de la renaissance de l‘industrie musicale avec l’ouverture d’Apple au streaming et à l’abonnement, l’arrivée de Google dans le secteur de la musique, le lancement de Spotify aux Etats-Unis et la croissance jamais démentie de services tels que RDIO, MOG, Thumplay Music, Slacker, et Pandora entre autres. L’avenir de la musique s’est concrétisé. Peut-être même que l’on se souviendra de la décennie 2000 – 2010 comme de “la décennie perdue”.

Dès 2011, l’industrie de la musique va renaître. Il était temps.

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Traduction : Romain Saillet, Loic Dumoulin Richet

Cet article a été initialement publié en anglais sur Music Think Thank.

Crédit photos CC Flickr : Andreas Blixt, p_kirn, _ambrown

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http://owni.fr/2011/01/06/le-jour-ou-spotify-a-change-le-monde/feed/ 7
Spotify : le freemium devient rentable ? http://owni.fr/2010/12/06/spotify-le-freemium-devient-rentable/ http://owni.fr/2010/12/06/spotify-le-freemium-devient-rentable/#comments Mon, 06 Dec 2010 10:56:34 +0000 Philippe Astor http://owni.fr/?p=28617 Une perte nette de £16,6 millions (19,6 M€) à rapporter à un chiffre d’affaires de £11,3 millions (13,3 M€) : ce sont les résultats de Spotify Ltd, l’entité commerciale principale de la compagnie, et opérateur du service de streaming de musique à l’échelle européenne.

Révélé par le site Music Ally la semaine dernière, ces chiffres laissent le doute subsister quand à la rentabilité du modèle économique freemium. Mais les prévisions encourageante de l’exercice 2010 pourraient changer la donne.

Le service de musique en ligne Spotify, qui a encore enregistré de lourdes pertes en 2009, pourrait bien atteindre l’équilibre en 2010. A condition que la forte progression des abonnements et de la publicité enregistrée sur les neufs premiers mois de l’année se soit poursuivie jusqu’à fin décembre.


Les comptes officiels de la filiale britannique de Spotify, Spotify Ltd, font état d’une perte nette de £16,6 millions en 2009 (19,6 M€), pour un chiffre d’affaires de £11,3 millions (13,3 M€). Ces résultats rendent compte des performances de la start-up de musique en ligne sur l’ensemble des territoires européens où elle est présente (Royaume-Uni, Suède, France, Espagne, Finlande, Norvège, Pays-Bas).

Selon son bilan, dont nous nous sommes procuré une copie intégrale (PDF), Spotify Ltd est en effet l’opérateur direct du service de streaming dans tous ces pays et la principale entité commerciale de la maison mère Spotify Technology SA, basée au Luxembourg.
Dans le détail, les revenus engrangés par Spotify Ltd en 2009 proviennent à 60 % des abonnements, à hauteur de £6,8 millions (8 M€), et à 40 % de la publicité, à hauteur de £4,5 millions (5,3 M€). Au 31 décembre 2009, Spotify revendiquait 7 millions d’utilisateurs, dont 250 000 abonnés, soit un taux de conversion en utilisateurs payants de 3,57 %.

Les coûts de vente de la société, qui couvrent notamment les sommes versées aux ayants droit, se sont élevés à £18,8 millions sur la période (22,1 M€), auxquels se sont ajoutés des coûts de distribution et les dépenses administratives, pour un montant global de £8,8 millions (10,3 M€).

Forte progression de l’abonnement

Fin octobre, Spotify indiquait à Music Ally avoir versé 40 M€ aux ayants droit depuis son lancement, dont 30 M€ sur les huit premiers mois de l’année 2010. Une indication que le chiffre d’affaires de la compagnie, qui revendiquait 601 000 abonnés à fin septembre 2010, dans un document confidentiel adressé à certains ayant droit auquel ElectronLibre a eu accès, aura nettement progressé cette année.

Selon l’évolution du nombre d’abonnés à Spotify, révélée dans ce document, le chiffre d’affaires lié à l’abonnement était déjà de l’ordre de 35 M€ en septembre 2010. Il pourrait atteindre environ 55 M€ fin 2010 si l’objectif déclaré de 770 000 abonnés est atteint, ce qui est en bonne voie. Soit une progression de 587 % sur un an.


Le chiffre d’affaires publicitaire de Spotify aura-t-il progressé dans les mêmes proportions dans l’intervalle ? Les documents dont nous disposons nous permettent de calculer qu’au huitième mois de l’année, les abonnements avaient rapporté 28,5 M€ à Spotify, qui a reversé environ 70 % de ce chiffre d’affaires aux labels, soit près de 20 M€.

C’est-à-dire les deux tiers des droits que la compagnie a déclaré avoir payé en 2010 à cette date. 10 M€ de droits proviendraient donc de la publicité, sur le chiffre d’affaires de laquelle Spotify reverse 50 % aux ayants droit ; soit un CA publicitaire pouvant être estimé à 20 M€ sur les huit premiers mois de 2010, et qui pourrait donc s’établir autour de 30 M€ sur l’ensemble de l’année. Il afficherait ainsi une progression de l’ordre de 660 %. Le chiffre d’affaires global de Spotify Ltd devrait ainsi s’établir autour de 85 M€ en 2010.

Équilibre en perspective

Dans ces conditions, la start-up suédoise pourrait très vite devenir profitable en Europe, avec une proportion croissante de ses revenus en provenance de l’abonnement, qui s’avère beaucoup plus rémunérateur pour les ayants droit, et un taux de conversion en abonnés payants qui devrait se situer autour de 6,5 %. Une ambition que son PDG, Daniel Ek, a déjà affichée publiquement.
En se basant sur notre estimation des revenus publicitaires et d’abonnement de la compagnie en 2010, elle devrait reverser un total de 53,5 M€ aux ayants droit cette année ; le solde (31,5 M€) permettant largement de couvrir ses autres coûts d’exploitation (la part des coûts de vente qui ne relève pas des royalties à payer, les coûts de distribution et les dépenses administratives), pour peu qu’ils ne s’envolent pas.

Leur marge de progression supportable, pour parvenir à l’équilibre dès 2010, est selon nos calculs de l’ordre de 45 %. De là à considérer que Spotify est sur le point de démontrer la rentabilité de son modèle freemium, il n’y a qu’un pas, qui pourra certainement être franchi dès que Spotify Ltd aura publié son bilan 2010.

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Cet article a été initialement publié sur Electron Libre

CC flickr : pedroarilla, Johan Larsson, louisvolant

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http://owni.fr/2010/12/06/spotify-le-freemium-devient-rentable/feed/ 6
Redéfinir les modèles économiques de la musique ? http://owni.fr/2010/11/04/redefinir-les-modeles-economiques-de-la-musique/ http://owni.fr/2010/11/04/redefinir-les-modeles-economiques-de-la-musique/#comments Thu, 04 Nov 2010 10:02:05 +0000 Philippe Astor http://owni.fr/?p=27668 Le journaliste Philippe Astor couvre l’actualité de l’industrie musicale plus vite que son ombre et nous le suivons de près. Il s’est spécialisé dans l’impact des nouvelles technologies sur l’économie de la musique et des médias. Se reposant sur les discours des visionnaires américains Seth Godin et Terry McBride, il nous livre ici un bilan de ce qui avait était prédit et nous éclaire sur les étapes à venir.

Quelle que soit l’efficacité de la loi Création et internet pour endiguer le téléchargement illégal, ou la légitimité du message adressé par les ayants droit aux internautes par l’intermédiaire de cette nouvelle législation – tout créateur doit pouvoir prétendre à une rémunération équitable dès lors que ses œuvres sont mises à la disposition du public ou exploitées, la question d’une redéfinition radicale des modèles économiques de l’industrie musicale à l’heure d’internet reste entière.

Les conséquences de la rupture technologique liée à la révolution numérique et au développement d’Internet, John Perry Barlow, fondateur de l’Electronic Frontier Foundation et ancien parolier des légendaires Grateful Dead, les résumait déjà en des termes on ne peut plus clairs en 2003 :

L’énigme à résoudre est la suivante : si nos biens peuvent être reproduits à l’infini et distribués instantanément dans le monde entier sans le moindre coût, sans que nous en ayons connaissance, et sans même que nous en soyons dépossédés, comment pouvons-nous les protéger ? Comment allons-nous être rémunérés pour le travail de notre esprit? Et si nous ne pouvons être rémunérés, qu’est-ce qui va permettre de poursuivre la création et la distribution de ces biens ?

Le dispositif de riposte graduée mis en place par la loi Création et Internet tente d’apporter une réponse à ce dilemme, en essayant de limiter la manière dont les œuvres peuvent être reproduites et distribuées à l’infini sur Internet, sans l’autorisation de leurs auteurs. Mais ce dispositif souffre déjà de nombreuses failles avant même d’avoir été activé, et tout le monde en est bien conscient, y compris ses défenseurs les plus ardus.

Aux générations successives de réseaux peer-to-peer (P2P), de Napster à BitTorrent, succèdent désormais des systèmes d’échange plus privatifs – d’amis à amis ou friend-to-friend (F2F) -, comme le logiciel open source OneSwarm, qui fait appel à la cryptographie et préserve l’anonymat de ses utilisateurs.. « OneSwarm est capable de résister au monitoring systématique qui est devenu chose courante aujourd’hui sur les réseaux P2P publics », confirment ses créateurs, dont les travaux de recherche sont officiellement supportés par la National Science Foundation et l’Université de Washington aux États-Unis.

Les limites de la riposte graduée

Les canaux empruntés par les échanges de biens numériques entre particuliers se sont en outre largement diversifiés au cours des dernières années : des newsgroups ou forums de discussion du réseau Usenet aux Direct-to-download links (liens de téléchargement directs) vers des plateformes d’hébergement comme Rapidshare, en passant par les logiciels de messagerie instantanée. La liste des protocoles de communication qu’il serait nécessaire de surveiller pour exercer un contrôle efficace sur la circulation des œuvres sur Internet s’allonge de jour en jour.

La surenchère de moyens de surveillance à mettre en œuvre, outre le fait qu’elle est susceptible de soulever de manière récurrente de nombreuses questions relatives à la protection de la vie privée et au respect des libertés publiques, risque d’engendrer des coûts bien plus rédhibitoires à terme que le manque à gagner des ayant droit lié au piratage en ligne. Le seul coût de mise en œuvre de la riposte graduée française, évalué entre 70 M€ et 100 M€, est déjà nettement supérieur à toutes les aides dont bénéficie la filière musicale, qui n’est certes pas la seule concernée.

Pourtant, elle n’en attend pas un renversement miraculeux de la tendance qui a vu ses retours sur investissement se réduire comme peau de chagrin au cours de la décennie passée. « Ce serait irréaliste de penser que cette loi va nous permettre de réaliser + 20 % l’an prochain », nous confiait il y a quelques mois Vincent Frérebeau, président de l’Upfi (Union des producteurs français indépendants) et p-dg du label tôt Ou tard. Tout comme il serait illusoire d’imaginer qu’un retour au statu quo ante, à la situation qui prévalait à la fin des années 90, lorsque l’industrie du disque était florissante, soit encore possible. Car le ressort de cet âge d’or est définitivement cassé.

« Le business du disque était parfait. C’était une industrie parfaite », explique le gourou du marketing en ligne américain Seth Godin dans la transcription, publiée sur le web, d’une conférence donné à l’occasion de la parution de son dernier essai, Tribes, sur les nouvelles tribus du Web. Et d’énoncer tous les ingrédients qui contribuaient à cette perfection : entre autres, un nombre limité de médias, dont toute une partie du spectre était consacrée à la promotion de ce que l’industrie du disque produisait ; quelques puissantes compagnies en situation d’oligopole, incontournables pour produire et distribuer un disque au niveau national comme international ; des chaînes de détaillants qu’elles ne possédaient pas entièrement dévouées à la vente et à la promotion de leurs produits…

Sans parler du florilège de magazines spécialisés dédiés à leur prescription ; d’un système de mise en avant du classement des meilleures ventes favorisant essentiellement le haut de la pyramide ; ou d’un support physique qui ne pouvait pas être copié et avait tous les attributs d’un bien rival, que l’on ne pouvait pas échanger sans en être dépossédé.

Les nouveaux rouages du marketing tribal

Mais la technologie du CD, dont le coût de reproduction était relativement marginal, portait en elle-même ce qui allait précipiter son déclin : le ver du numérique était dans son fruit. “Désormais, si je donne un enregistrement, je le détiens toujours, poursuit Seth Godin. Et ça change tout. Je ne dis pas que c’est mieux, je ne dis pas que c’est pire. Je ne dis pas que c’est moral ou immoral. Je dis seulement que ça change tout et que nous devons l’accepter.”

Pour Seth Godin:

la musique n’est pas en crise. De plus en plus de gens écoutent de plus en plus de musique, comme cela n’a jamais été le cas auparavant dans l’histoire de l’humanité. Probablement cinq fois plus que vingt ans en arrière. [...] Mais l’industrie de la musique est en difficulté. Parce qu’elle se trouve face à un nouveau paradigme.

Les nouveaux médias, comme les détaillants en ligne, prolifèrent sans aucune limite. Le marketing de masse cède le pas à un mode de communication de pair à pair beaucoup plus social. L’accent est mis de plus en plus sur les marchés de niche et de moins en moins sur les hits. Les frontières entre ceux qui produisent la musique et ceux qui la consomment sont de plus en plus perméables. Le cycle de vie des produits de cette industrie est beaucoup plus court. Ses lignes de produits elles-mêmes éclatent et ne sont plus limitées par des contraintes de fabrication mais par l’imagination. Et l’essentiel des investissements porte aujourd’hui sur l’innovation, plutôt que sur la promotion.

« Il n’y aucun moyen de passer de l’ancienne économie de la musique à la nouvelle avec un retour sur investissement garanti et des assurances écrites, ça n’existe pas », explique l’essayiste américain, qui invite les industriels à s’investir dans l’animation de « tribus » de fans, un mode d’organisation sociale hérité d’un lointain passé qui retrouve des lettres de noblesse sur Internet.

« J’ai tous les disques de Rickie Lee Jones, confie-t-il, y compris les bootlegs qu’elle vend. Je les ai presque tous achetés sur son site. Rickie Lee Jones devrait savoir qui je suis ! Ses agents, son équipe, devraient me connaître ! J’attends désespérément qu’elle m’envoie un message pour me dire qu’elle se produit en ville. Je veux qu’elle me demande : ‘Dois-je faire un album de duos avec Willie Nelson ou avec Bruce Springsteen ?’ Je veux avoir cette interaction avec elle. Et je veux qu’elle me dise : ‘J’envisage de sortir un autre bootleg, mais pas avant que 10 000 personnes l’aient acheté’. Parce que je signerais. J’en achèterais même cinq s’il le fallait. Mais elle ne sait pas qui je suis. Elle ne me parle jamais. Et quand son label essaie de me crier quelque chose, je n’écoute pas, parce qu’il pousse son cri dans un lieu [sur MTV, sur les radios du top 40, ndr] auquel je ne prête plus guère d’attention. »

Rupture psychologique

Pour Seth Godin, l’essentiel n’est plus de vendre un disque à un consommateur – « Il peut l’acheter pour 10 balles sur Amazon ou se le procurer gratuitement » -, mais de le connecter à l’artiste et à sa tribu de fans : « Il y a un très grand nombre de gens qui veulent se connecter à cette tribu, et de là où vous vous trouvez, vous avez la possibilité de faire en sorte que cette connexion ait lieu. [...] C’est très important pour les gens de sentir qu’ils appartiennent à une tribu, d’en ressentir l’adrénaline. Nous sommes prêts à payer, à franchir de nombreux obstacles, à être piétinés par la foule, si nécessaire, pour nous retrouver à l’endroit où nous avons le sentiment que les choses se passent. [...] Le prochain modèle, c’est de gagner votre vie en gérant une tribu… des tribus… des silos entiers de tribus ».

Ce changement de paradigme, Terry McBride, le charismatique patron de Nettwerk Records, label indépendant canadien (The Barenaked Ladies, The Weepies, The Old Crow Medicine show, The Submarines…), qui réalise 80 % de son chiffre d’affaires dans le numérique et dans la synchro, avec une croissance annuelle de ses revenus de 25 % dans le numérique, l’a anticipé dès 2002.

« Ce fut quelque chose d’intuitif pour moi, explique-t-il dans une interview accordée au blog américain Rollo & Grady. De toute évidence, le numérique envahissait notre univers depuis trois ans et l’effet Napster se faisait sentir. Étant une petite compagnie, qui travaillait directement avec les artistes, nous avons pu sentir ce qui commençait à se passer. Essayer de l’empêcher n’aurait mené à rien ; il fallait le comprendre et être en mesure de l’accompagner. C’était une véritable rupture psychologique pour nous. Il a fallu plusieurs années pour que le reste de la compagnie et les analystes finissent par se concentrer là-dessus. »

Pour Terry McBride, c’est toujours la pénurie qui crée de la valeur, mais Internet est un photocopieur géant, et « dès qu’une chanson est sortie, elle perd de sa rareté et n’a plus beaucoup de valeur marchande ». Au sein même de l’industrie musicale, il existe cependant de nombreuses autres formes de rareté ou de pénurie à même de créer de la valeur.

L’accès à l’artiste est unique. Et tout ce que vous pouvez organiser autour de cet accès peut créer de nouvelles formes de rareté. Lorsqu’une chanson est sur le point de sortir, elle ne conserve sa rareté que pendant cinq minutes. Mais nous en contrôlons le premier point d’entrée sur le marché, nous pouvons l’introduire de la manière que nous souhaitons, [...] créer une expérience unique à l’occasion de sa sortie, qui peut attirer 10 millions de personnes dans un endroit unique – et essayer de monétiser cette attention. (T. McBride)

Laisser les gens partager

Le patron de Nettwerk, dont le label fêtera ses 25 ans d’existence cette année, rejoint Seth Godin et sa théorie des tribus : « Nous appartenons tous à des tribus, écrit-il sur son blog. Et les membres de votre tribu sont ceux qui vous influencent le plus. Grâce à Internet et à la téléphonie mobile, ces tribus sont plus importantes que jamais et permettent de partager ses passions. Ma conviction est la suivante : laissez les gens partager. Créez un site où il peuvent échanger entre eux, mettez de la pub autour – et désormais, vous pouvez monétiser leur comportement, plutôt que la musique elle-même. Même si c’est sur Youtube. [...] Si je peux amener Avril Lavigne à faire quelque chose sur Youtube qui va la faire passer de 200 millions de connexions à 500 millions, c’est comme vendre un million de disques. »

Un de ses crédos, largement argumenté dans un livre blanc qu’il a co-écrit pour le club de réflexion anglais Musictank (Meet The Millenials ; Fans, Brands and Cultural Communities) est le suivant : « Alors que les infrastructures des labels se rétrécissent, un nouveau paradigme est en train d’émerger, dans lequel ce sont les fans qui constituent leurs nouvelles équipes de marketing, de promotion et de vente ».

Terrry Mc Bride n’en élude pas pour autant le problème posé par les échanges sauvages entre particuliers sur les réseaux peer-to-peer :

Ma conviction est qu’on ne peut pas légiférer pour aller à l’encontre de comportements sociaux, écrit-il dans un autre de ses billets. Le seul endroit où l’on puisse exercer une pression légale ou législative, c’est dans les relations business-to-business. Je pense que les câblo-opérateurs et les fournisseurs d’accès devraient payer une taxe pour rémunérer les contenus qui circulent dans leurs tuyaux. Je ne pense pas que l’on doive couper l’accès à Internet des jeunes, ils ne devraient pas être poursuivis parce qu’ils partagent leur passion pour la musique, même si je considère qu’ils devraient payer pour consommer le contenu produit par d’autres.

Payer sous quelle forme ? Celle d’un montant mensuel forfaitaire, estime-t-il, d’un abonnement aux plateformes des opérateurs ouvrant l’accès à un catalogue étendu. Un modèle auquel se rangent de plus en plus d’industriels de la musique, observe-t-il. « A l’heure où l’industrie se concentre sur 5 % du marché (la part légale du gâteau numérique), l’opportunité de monétiser les 95 % restant se présente. » Mais dans son esprit, fournir un accès étendu aux catalogues pour un montant forfaitaire n’est qu’un premier pas vers l’avenir du business de la musique.

Car une autre rupture technologique est à l’œuvre, qui deviendra selon lui réalité dans les 18 à 24 mois qui viennent. Dès demain, les AppStores d’Apple, de Nokia, de Blakberry, de Google, vont regorger d’agents musicaux intelligents conçus par des développeurs tiers, qui connaîtront les goûts musicaux de chacun et que l’on pourra installer sur les nouvelles générations de smartphones ou de baladeurs wi-fi. Nous pourrons utiliser leurs services d’accès personnalisé aux catalogues pour quelques euros par mois, et ils vont transformer en profondeur le comportement des consommateurs de musique.

Le contexte devient roi

« Il ne sera plus nécessaire de télécharger la musique, ce sera devenu une contrainte, explique Terry Mc Bride. Quantité d’applications vont vous permettre, pour quelques dollars par mois, d’accéder à toute la musique que vous voulez, comme vous voulez, quand vous voulez, à partir de n’importe quel périphérique. Dès lors, pourquoi voudriez-vous télécharger ? Pourquoi iriez-vous sur Internet pour chercher à télécharger cette musique gratuitement ? D’autant que ce que vous allez télécharger gratuitement ne fonctionnera pas nécessairement avec les applications que vous aurez sur votre smartphone. Quelques dollars, ce n’est pas cher payé pour un accès illimité. C’est dans cette direction que vont les choses. »

Pour que toutes ces applications puissent fonctionner correctement, il faudra qu’elles disposent de bonnes métadonnées, avertit le fondateur de Nettwerk Records, à la production desquelles il invite les industriels de la musique à se consacrer.

La valeur ajoutée d’un service de musique, celle que le consommateur sera disposé à payer, résidera dans sa capacité à délivrer un contenu en parfaite adéquation avec un contexte, qui pourra être une émotion ou une circonstance particulière.

Et plus les métadonnées qui accompagneront une chanson ou un morceau de musique seront riches et pertinentes, plus ils auront d’opportunités de ressortir dans un contexte particulier et d’être écoutés.

« A l’heure qu’il est, l’industrie de la musique n’est payée que pour 5 % de la consommation de musique dans l’environnement numérique. Il y a là une formidable opportunité d’augmenter ce pourcentage de manière significative, avance Terry Mc Bride. Ce n’est pas une opportunité d’augmenter le prix de la musique, mais d’augmenter sa valeur. » Un nouveau paradigme dans lequel ce n’est plus le contenu qui est roi, mais le contexte dans lequel il est délivré.

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Cet article a été initialement publié sur Musique Info.

Crédits photo CC flickr : Pieter Baert, virtualmusictv, mathias poujol rost, roberto

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