OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Comment créer un média à but non-lucratif? http://owni.fr/2010/10/14/comment-creer-un-media-a-but-non-lucratif/ http://owni.fr/2010/10/14/comment-creer-un-media-a-but-non-lucratif/#comments Thu, 14 Oct 2010 12:31:51 +0000 Jean Abbiateci http://owni.fr/?p=31555 Je signale simplement une très intéressante ressource mise en ligne par la Knight Foundation. Pour rappel, cette fondation américaine, très à la pointe dans la prospective sur l’avenir du journalisme, finance nombre de médias à but non lucratif (Propublica, San Diego Voice,  California Watch, Texas Tribune pour les plus connus).

Le dossier, très dense et sans blabla théorique, s’intitule : Comment créer un média non-lucratif?

C’est ici. Je partage sur Papier Brouillon mes notes de lecture qui pourront peut-être intéresser quelques personnes. Précision : ce sont des notes subjectives et surtout sélectives. Le dossier en lui-même est beaucoup plus étayé et il contient de nombreux liens en prolongement. Bref, une mine d’or.

1. Travaillez votre énoncé de mission

Il deviendra votre document de référence tout au long de votre projet. Celui-ci doit être toujours tourné vers le service que vous pouvez rendre au public. Il faut que cette mission ait un but d’utilité publique comme « accroître la participation civique » ou « chercher les solutions aux problèmes ».

2. Soyez transparents

La naissance d’un média à but non-lucratif fait cohabiter tout un tas d’acteurs différents, lecteurs et bailleurs de fond notamment. D’où la nécessité de mettre en place des mécanismes pour protéger la mission de votre projet et surtout pour répondre par avance aux possibles accusations qui peuvent « tuer » un projet éditorial. Quel argent acceptez-vous ou (ou pas) ? Que faites-vous si l’un des vos enquêtes porte sur l’un de vos donateurs ? Cette nécessité de transparence concerne aussi l’éthique, la collecte de fonds, la vérification des faits ou le sort des données recueillies.

3. Gagnez de l’argent

On croit souvent à tort que les organismes sans but lucratif et ceux qui les dirigent n’ont pas besoin de se concentrer sur la recherche d’argent. Erreur ! Comme toute entreprise normale, un média à but non-lucratif doit s’appuyer sur un business plan qui tient compte des ressources et des dépenses, et doit suivre une stratégie marketing au service d’une croissance à venir. La seule différence est que l’argent est réinvesti dans l’association et pas redistribué.

Votre business plan doit vous aider dans la recherche de subventions et de dons. Il vous sert aussi d’outil de transparence pour vos donateurs. Principaux dépenses d’un média non-lucratif : salaires (+ charges), loyer et fournitures, voyage, recours à des entrepreneurs extérieurs, équipement, marketing, coût de collecte de fond. Ressources : mécénat, dons des particuliers, subventions, vente, formation, événements, revente contenus, déclinaisons papier, consulting…

4. Créez de l’envie autour de votre projet

Commencez par rassembler tous vos mails pour lancer une alerte ou un bulletin électronique. . Ancrez votre projet dans les réseaux sociaux. Mettez en ligne une vidéo présentant le projet. Utilisez Twitter comme un moyen informel d’avertir vos lecteurs de l’avancée du projet. Soyez accessibles et dialoguez.

5. Soyez actif pour construire votre communauté

Le travail de création d’une communauté est une forme essentielle pour le bon développement de votre projet. C’est la meilleure façon de faire vous faire connaître sans argent. Listez les groupes, associations, acteurs, personnes que vous voulez atteindre et avec qui vous souhaitez travailler. Une fois fait, établissez un planning pour les rencontrer. Organiser des réunions avec des personnes clés de votre secteur pour leur expliquer ce que vous faites. Ils pourront peut-être vous offrir quelques portes. Faites la promo de votre projet, dans la presse, la blogosphère ou lors de conférences.

6. Collaborez

Collaborez avec d’autres sites, d’autres médias, d’autres communautés. Partagez et faites connaître l’information que vous produisez. Laissez d’autres médias enrichir (photo, infographie) vos histoires et vos enquêtes. Faites équipe avec d’autres journalistes. Travaillez à plusieurs. Faites de la promotion croisée.

Attention : il faut une relation gagnant-gagnant. Alors avant de vous lancer dans une collaboration, vous devez vous poser plusieurs questions : est-ce le meilleur partenaire pour mon entreprise? Comment puis-je établir une collaboration ? Quelle est la réputation de ce partenaire ? Que m’apporte-il (plus d’audience, ressources complémentaires, enrichissement). Toujours se baser sur son intitulé de mission. Et rappelez-vous que les organisations ne collaborent pas ensemble, ce sont les gens.

7. Soignez votre présence en ligne

N’hésitez pas à lancer très vite un site, même une seule page, où vous pourrez collecter les adresses email de ceux qui veulent avoir plus d’infos sur le développement du projet. Ensuite, privilégiez un site fiable techniquement qu’une usine à gaz. Cependant, ne croyez pas que les gens vont venir sur votre site simplement parce que votre contenu est bon. Allez chercher les internautes là où ils sont, notamment sur les réseaux sociaux (Facebook et dans une moindre mesure Twitter). Soignez votre présence sur ces réseaux. C’est la porte d’entrée de votre travail.

8. Mesurez votre impact

Fixez-vous des objectifs, définissez des critères concrets, quantifiables et réalisables pour mesurer votre avancée, et tenez-y vous. Par exemple : « je vais livrer X enquêtes dans l’année ». Mesurer votre audience, l’importance de votre communauté, l’audience de vos histoires qui rencontrent le plus de succès et qui montre l’impact de votre travail. Votre impact, c’est aussi le nombre de gens que vous aurez éventuellement formés ou le nombre de personnes présentes à vos conférences. Ces mesures de votre impact seront inclus dans vos rapports, auprès de bailleurs de fond et dans les demandes de subventions.

9. Soyez à l’écoute

Soyez à l’écoute des premiers retours de vos premiers lecteurs. Mon organisation est sur la bonne voie ? Quelles nouvelles opportunités devrions envisager ? Nous sommes-nous éloigné de notre mission à cause de la pression des donateurs ?

10. Lancez-vous

Après tout votre planification, vous êtes enfin prêt à faire le grand saut. Prenez une grande respiration. Et sautez le pas.

>> Article initialement publié sur Papier Brouillon

>> Photo CC FLlickr : Purdman1, ShironekoEuro[slow]

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14 pistes et idées pour financer le non-profit http://owni.fr/2010/06/17/14-pistes-et-idees-pour-financer-le-non-profit/ http://owni.fr/2010/06/17/14-pistes-et-idees-pour-financer-le-non-profit/#comments Thu, 17 Jun 2010 15:22:18 +0000 Jean Abbiateci http://owni.fr/?p=19190 Petite check-list sur les sources de financement possibles d’un média (basé sur l’hypothèse d’un modeste média en ligne non-profit). Cette liste non exhaustive est bien sûr ouverte à toute les idées lumineuses et à toutes les critiques féroces.

1. Traquer des subventions publiques

Grand classique pour une association (quelles sont les aides existantes ?) et pour les médias. Il y a sans doute de l’argent à prendre également sur des subventions dont la raison d’être n’est pas liée directement au journalisme : innovation numérique, projet culturel et social… Sans compter les aides indirectes (pour la création d’emplois notamment).

2. Creuser du côté du mécenat d’entreprises.

Sans doute là où l’on trouverait pas mal d’argent, en faisant notamment la tournée des fondations d’entreprises (c’est le modèle de la plupart des médias non-profit US). Mais ça demande un savoir-faire dans le fundraising “la recherche de fonds” qui n’est pas forcément évident. Et cela nécessite de proposer un projet « vendeur » (excellence, innovation…).

3. Placer de la publicité en ligne

Au prix du CPM (coût pour mille), rien de très glamour comme perspective. Même chose du côté de l’affiliation.

4. Faire sponsoriser des sujets d’enquêtes

Sans doute une piste d’avenir, même si pour l’instant, je n’ai rien vu de concret. On pourrait imaginer par exemple que qu’une mutuelle finance une enquête sur la santé au travail. Même chose pour les ONG. Après, ça pose quelques problèmes déontologiques (mais pas plus que d’autres).

Des informations intéressantes sur ce blog

5. Faire appel aux dons des internautes

Ce n’est sans doute pas la partie ni la plus “lucrative”, ni la plus facile à gérer. Mais c’est la plus intéressante à mon avis. C’est une bonne jauge de l’intérêt d’un projet au sein d’une communauté de lecteurs-internautes. L’initiative du “mur” de Rue89 est sympa. Autre idée beaucoup plus intéressante : du sponsoring sur un sujet d’enquête spécifique, comme le fait Spot.us.

6. Revendre du contenu écrit

Intéressant, notamment en terme d’images. Cela nécessite que le média arrive à avoir une notoriété, une griffe dans son domaine d’expertise, et fonctionne comme une petite agence. Assez facile à faire quand même (cf. expérience de pigiste), mais peu rémunérateur.

Perso, j’aime bien l’idée de Good Magazine qui distribue gratuitement ses infographies via le réseau Starbucks.

7. Décliner ses sujets sur des supports à valeur ajoutée (documentaire TV, multimédia…)

C’est sans doute aussi un moyen de rentabiliser un travail d’investigation et des contacts, plutôt que de se le faire piquer ensuite par des sociétés de production TV. C’est aussi le moyen d’aller taper des bourses styles CNC et Scam… Mais ça demande du savoir-faire et du réseau.

8. Faire de la formation

Il me semble assez facile de capitaliser sur une expérience, un bagage de journaliste pour faire de la formation. Chronophage mais assez facile (il me semble) comme rentrée d’argent complémentaire

10. Adosser au site un magazine papier payant

Classique mais rien de mieux pour fixer sur papier le travail du web (du « reverse publishing » pour les spécialistes) Elle correspond à mon avis à une réelle attente d’une certaine frange de lecteurs (et pas forcément des technophobes). Les investissements sont importants (distribution, maquette…) mais pas forcément insurmontable pour une périodicité de type bimestriel.

11. Editer des livres

Cela demande là aussi des investissements et surtout un savoir-faire important (mais il est toujours possible de trouver un partenariat avec un éditeur), mais c’est à mon avis une excellente piste pour décliner des enquêtes ou reportages au long cours ou des produits web plus spécifiques (un photoblog par exemple deviendrait un bouquin de photos + fourni).

12. Vendre des goodies

Genre tee-shirt et mugs… Mouaih, bof bof…

13. Vendre des photos en ligne

Vendre des photos en ligne, comme pourrait le faire une galerie. L’exemple de Média’vu n’est pas très convaincant… Pas trop creusé la question.

14. Vendre du service

Style petites annonces… Demande une énorme logistique.

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Billet initialement publié sur le Bloc-Notes de Jean Abbiateci.

La soucoupe expérimente quelques-unes de ces solutions. Retrouvez-en certaines ici.

Crédits Photo CC Flickr : -lif-, sgw.

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Un journaliste payé par ses lecteurs ? http://owni.fr/2010/02/15/un-journaliste-paye-par-ses-lecteurs/ http://owni.fr/2010/02/15/un-journaliste-paye-par-ses-lecteurs/#comments Mon, 15 Feb 2010 08:59:08 +0000 Jean Abbiateci http://owni.fr/?p=8184

L’hebdomadaire culturel Télérama vient de publier mercredi un assez bon article intitulé Journaliste à louer. Le papier pose notamment cette question : un lecteur peut-il directement financer le travail d’un journaliste ?

Certes, l’idée du « crowdsfunding » (« financement par la foule ») n’est pas nouvelle ; elle est aujourd’hui très tendance et parfois un peu « tarte à la crème » (le financement d’une partie du travail journalistique par les lecteurs, c’est quand même l’un des piliers de l’économie de la presse écrite).

Mais cette idée d’instaurer une relation directe entre un journaliste et une communauté d’internaute-financeurs, n’en constitue pas moins une piste intéressante pour l’avenir de notre métier. Elle a le mérite de redonner de la valeur au travail de qualité.

Et à ce petit jeu là, il me semble que les journalistes et photojournalistes indépendants, plus réactifs, plus conscients de leur « valeur » et de leur « marque », habitués à jongler avec les financements multiples, sont les mieux a même de tirer leur épingle du jeu.

En tout, cela donne envie d’être testé grandeur nature :) !

Voici donc quelques liens pour aller plus loin + quelques réflexions personnelles. Cette sélection et ses idées sont bien évidemment ouvertes aux suggestions et ajouts.

1. Le principe du « crowdfunding »

Journaliste à louer

Le papier original de Télérama signé Emmanuelle Anizon

Le crowdfounding et ses limites

Une analyste intéressante par un jeune journaliste, Florent Chevallier.

Lessons in crowdfunding (en anglais)

Retour d’expérience passionnant par David Cohn, fondateur de Spot.us (dont on peut retrouver l’interview sur Espritblog ici).

2. Les expériences menées

Le photojournaliste Zoriah

(et tout récemment Frédéric Sautereau, de l’Oeil Public)

La journaliste américaine Paige Williams

Cette journaliste freelance américain a  lancé un appel au don pour un projet de reportage estimé à 2000 dollars.

- Le projet Spot.us

Pour ceux qui ne connaissent pas, ce projet américain permet aux internautes intéressés par une problématique locale de financer le travail d’investigation d’un journaliste freelance.

Spot.Us – for reporters

A titre personnel, voici simplement quelques réflexions en vrac (et à enrichir).

- La communauté d’internautes-lecteurs ne pourra jamais être l’unique source de financement d’un reportage ou d’une enquête (voir le panorama des pistes possibles sur ce très bon post de blog de Pierre Morel).

- Le processus ne peut être qu’artisanal et direct, établissant une relation de confiance entre le journaliste et ses contributeurs. Pas d’intermédiaire.

- Il faut évidemment avoir su tisser une communauté autour de son travail. La communauté est différente d’un réseau : ce n’est pas à qui aura le plus d’amis sur Twitter ou Facebook, mais à qui aura su fédérer des fidèles sur un travail journalistique donné (comme peuvent le faire certains blogueurs-journalistes).

- le contributeur paiera pour un projet à valeur ajoutée (reportage, investigation), pas pour des tweets, de l’analyse, de la veille ou des papiers « bas de gamme ». Le contributeur paiera donc pour de l’information « rare » et pour des sujets « magazine » (donc moins périssable), pas pour du news.

- le contributeur ne s’engagera pas financièrement sur un « projet » ou un « synopsis ». Il faut déjà que le journaliste soit déjà  engagé dans la démarche, qu’il ait fait ses preuves, qu’il ait de la matière à montrer pour attirer le chaland !

- le journaliste doit donner de sa personne. L’argument de dire « donnez-moi, parce que mon travail est important » ne suffit pas ; il faut susciter le désir de donner, convaincre, partager, donner un peu de « chair » à ses motivations. Bloguer est surement le moyen le plus simple de le faire.

- Le contributeur ne paiera jamais pour « rien ». Il faut une « compensation », une « exclusivité » : un livre à la clé, l’accès à un contenu exclusif, une rencontre avec le journaliste…

- la transparence (relative, il ne s’agit pas de justifier chaque ticket de métro dépensé !) sur l’utilisation de l’argent est une nécessité.

» Billet initialement publié sur Espritblog

» Photo d’illustration alancleaver_2000 sur Flickr

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