OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Cinq ONG accusent Glencore et First Quantum de frauder le fisc zambien http://owni.fr/2011/04/12/zambie-mines-ong-glencore-first-quantum/ http://owni.fr/2011/04/12/zambie-mines-ong-glencore-first-quantum/#comments Tue, 12 Apr 2011 12:28:48 +0000 Federica Cocco http://owni.fr/?p=56409 En 2009, des fonctionnaires de l’Autorité fiscale zambienne ont décidé de mandater des auditeurs de Grant Thornton et Econ Poyri pour examiner, avec le soutien du gouvernement norvégien, les impôts provenant de l’industrie minière, plus importante source de revenus du pays, indépendant depuis 1964.

Cinq ONG (la française Sherpa, la zambienne Center for Trade Policy and Development, la suisse Déclaration de Berne et les canadiennes l’Entraide Missionnaire et Mining Watch) se sont procurées ce rapport confidentiel. Sur cette base, elles ont déposé ce mardi 12 avril une procédure de circonstance spécifique devant les Points de contrôle nationaux suisse et canadien de l’OCDE. Une procédure pour violation des principes directeurs de l’OCDE, qui vise les sociétés Glencore International et First Quantum Minerals.

7 600 mineurs sur quatre sites

La Zambie reste aujourd’hui le 25ème pays le plus pauvre du monde, avec une espérance de vie de tout juste 47 ans. Les responsables de l’Institut zambien des experts comptables (ZICA) ont relevé de nombreuses anomalies dans le comportement de la plus grosse entreprise minière du pays, les mines de cuivre de Mopani.

Mopani a été acheté par Glencore en 2000. Elle emploie 7 600 mineurs travaillant dans quatre mines souterraines: un concentrateur et une usine de cobalt dans la ville de Kitwe, une mine, un concentrateur et une raffinerie à Mufulira. Depuis sa privatisation, Mopani est devenue la seconde entreprise minière du pays.

Après un an de recherche, les auditeurs ont acquis quelques certitudes, publiées dans un rapport préliminaire en novembre 2010. Mopani, écrivent-ils, est coupable d’avoir commis de nombreuses violations des principes directeurs de l’OCDE, en particulier par la manipulation de ses balances comptables sur la productivité et les coûts de production. Des manœuvres qui passent notamment par la falsification des cours de vente du cuivre, afin d’éviter d’avoir à s’acquitter des impôts sur les bénéfices réalisés en Zambie ( en vertu du principe connu de libre concurrence).

Des ventes à 25% du cours officiel

En réalité, les auditeurs ont révélé que Mopani détournait les prix de transfert en vendant parfois à maison-mère Glencore du cuivre à 25% du prix officiel défini à la bourse des métaux de Londres, l’entreprise évitant ainsi de régler 75% d’impôts sur les ventes à terme, défini par un accord interne.

Lorsque le ministre des Finances et du développement économique, le Docteur Situmbeko Musokotwane , reçu le rapport, il ne réagit pas. En fait, ce qui aurait dû déclencher la colère du gouvernement fut accueilli par un silence intersidéral. Pas plus tard qu’en février 2011, un responsable de la ZICA affirma à l’agence Bloomberg que la « licence de Mopani pourrait être suspendue », mais aucune action ne fut entreprise, sans parler de la presse d’État qui s’abstint d’évoquer l’affaire.

De nombreux blogueurs ont reçu des menaces après avoir évoqué le sujet sur leur blog personnel. D’après Gershom Ndhlovu de Global Voices Online, un blogueur nommé Chola Mukanga « fut forcé de retirer le rapport intégral de son site, car apparemment il reçut des menaces de la part de messagers du gouvernement ».

Difficile désormais d’étouffer l’affaire. Depuis son indépendance, l’économie zambienne s’est beaucoup appuyée sur l’industrie du cuivre. D’après les chiffres de la Banque centrale, ce secteur génère 70% de ses recettes à l’export, et ce malgré le fait qu’il ne représente que 10 à 15% des rentrées fiscales du pays. Selon le rapport d’audit, la plupart de ces rentrées fiscales sont dues à la contribution des mineurs eux-mêmes. Les entreprises paient moins d’impôts que leurs salariés, atteignant tout juste 4% de l’ensemble.

Un prêt de 48 millions d’euros de la BEI

Ces révélations sont d’autant plus gênantes que Mopani a bénéficié en février 2005 d’un prêt de 48 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement (BEI) pour développer ses activités et contribuer ainsi au développement de la région. Depuis, la générosité du gouvernement zambien n’a pas connu de limites, devenant un véritable paradis fiscal pour l’industrie extractive. Alors qu’au moment de la crise financière, le pays composa avec la chute des cours du cuivre en annulant une taxe exceptionnelle, la remontée des cours ne provoqua aucun mouvement contraire.

Compte tenu de la bienveillance du gouvernement, il est surprenant de constater que les critiques sur cette gestion viennent directement du PDG de Mopani, Emmanual Mutati. Dans ce qui ressemble à une contre-attaque aux premières informations apparues dès la publication du rapport d’audit dans la presse, Mutati a souligné l’absence de sécurité sociale et d’infrastructures publiques, sous-entendant que le gouvernement n’utilisaient pas efficacement ses ressources. Les propos suivants lui furent attribués :

Il est impératif que le gouvernement prenne à sa charge, avec les entreprises minières, l’amélioration des conditions de vie des gens.

Malgré le rapport, M. Mutati affirma que la société n’avait pas débloqué de dividende pour ses actionnaires parce qu’elle voulait réinvestir ses profits afin d’améliorer sa production de métal dans plusieurs unités en Zambie. Il précisa que ces investissements lourds avaient pour objectif d’assurer l’avenir de l’entreprise pour les 25 prochaines années, une stratégie plus pertinente selon lui que de débloquer des dividendes.

Il se défendit également contre les conclusions du rapport, arguant que ces opérations de recapitalisation avaient aussi pour but d’assurer de nouvelles créations d’emploi. De là, la nécessité que le gouvernement assure en retour que « la collecte des impôts se fasse au profit de l’amélioration des conditions de vie des gens, de façon à profiter de la présence des entreprises minières ».

Violations des principes de l’OCDE

Un argumentaire qui ne pèse pas lourd au vue des infractions dont Glencore s’est rendu coupable vis-à-vis des principes directeurs de l’OCDE à l’intention des multinationales [PDF].

Politiques générales (II)

Les entreprises devraient tenir pleinement compte des politiques établies dans le pays dans lequel elles opèrent, et de tenir compte des opinions des autres parties prenantes. À cet égard, les entreprises devraient:

1. Contribuer aux progrès économiques, sociaux et environnementaux en vue de la réalisation du développement durable. [...]

5. S’abstenir de rechercher ou d’accepter des exemptions non prévues dans le cadre législatif ou réglementaire concernant l’environnement, la santé, incitations à la sécurité, le travail, la fiscalité ou d’autres questions.

6. Appuyer et faire observer des principes de bonne gouvernance d’entreprise et de développer et appliquer de bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise.

Fiscalité (X)

Il est important que les entreprises contribuent aux finances publiques de l’hôte pays en effectuant un paiement en temps voulu de leurs obligations fiscales. En particulier, les entreprises devraient se conformer aux lois et règlements fiscaux dans tous les pays où elles opèrent et déployer tous leurs efforts pour agir en conformité avec à la fois la lettre et l’esprit de ces lois et règlements. Il s’agirait notamment des mesures telles que la fourniture aux autorités compétentes des informations nécessaires à la détermination correcte des impôts, qui doit être appréciée dans le cadre de leurs activités et avec des pratiques conformes aux prix de transfert reposant sur le principe de libre concurrence.

En d’autres termes, Mopani a utilisé des produits dérivés pour rapatrier ses profits de Zambie. Le résultat, suggère le rapport, fut de diminuer de plusieurs centaines de millions de dollars ses revenus sur la période 2003-2008.

La coalition des ONG réclame maintenant que les Points nationaux de contact suisse et canadien qualifient ces agissements de violations des principes de l’OCDE, afin de contraindre les deux géants miniers à rembourser les impôts dus à l’Autorité fiscale zambienne.

Les traces de Glencore dans l’Irak de Saddam Hussein et en Angola

En tant que l’un des plus gros traders de matières premières au monde, Glencore est peut-être habitué à opérer dans un climat de complète impunité. Le groupe a été impliqué dans nombre de scandales, du trafic d’armes avec l’Iran au scandale Pétrole contre nourriture de l’Irak de Saddam Hussein, en passant par l’URSS, le régime de l’Apartheid sud-africain et celui de la guerre civile en Angola. L’entreprise a aussi été couronnée du Public Eye Award de la société la plus irresponsable, à égalité avec Areva.

La société fut d’abord dirigé par le trader Marc Rich, un homme familier des procédures d’évasion fiscale, poursuivi dans son propre pays, les USA. Il a figuré sur la liste des 10 personnes les plus recherchées par le FBI, jusqu’à ce que le président Clinton lui accorde sa grâce, le jour de son départ de la Maison Blanche, en 2000.

Le gouvernement zambien est habitué à ce genre de comportement, sachant pertinemment le poids que la société représente dans une économie fragile. Il y a deux ans, Glencore a menacé le gouvernement d’arrêter l’exploitation de deux mines de cuivre si les prix d’achat n’étaient pas relevé au prix de 5 500$ la tonne.

Ces dernières années, il apparaît clairement que l’évasion fiscale -et non la corruption ou la criminalité- est bien à l’origine du sous-développement, en alourdissant la dette des pays soi-disant sous-développés.

Global Financial Integrity a estimé que le phénomène pourraient représenter, ces dernières décennies, une perte nette de 400 à 440 milliards pour les économies du Sud.


Crédit photo : FlickR CC BreadBreaker ; Tommy Miles ; mm-j.

Image de Une par Elsa Secco @Owni /-)

Retrouvez les autres articles de notre dossier sur Owni.fr et Owni.eu

Le prix de transfert, une arnaque légale par David Servenay [EN : Abuse of the transfer price, a scandal in Zambia]

La nationalisation bâclée des mines zambiennes par David Mwanambuyu

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Le procès de Julian Assange http://owni.fr/2011/02/09/le-proces-de-julian-assange/ http://owni.fr/2011/02/09/le-proces-de-julian-assange/#comments Wed, 09 Feb 2011 17:19:01 +0000 Federica Cocco http://owni.fr/?p=45881 En publiant des télégrammes diplomatiques sur les drôles de missions confiées à des diplomates américains, sur les dictateurs du Moyen-Orient ou sur la mafia italienne, WikiLeaks a ouvert une boite de Pandore. L’humanité est alors entrée dans un nouvel âge, l’âge de la transparence.

Et les projecteurs se sont braqués sur Assange. Est-il celui que le monde attendait ? Ce n’est sans doute pas l’avis des deux Suédoises qui essaient d’obtenir son extradition pour “mauvaise conduite sexuelle”. Cette affaire, personnelle, a rejailli sur WikiLeaks obligeant Assange à défendre sa crédibilité et, ironiquement, sa vie privée.

Assange, héros ou criminel ? Récit de deux jours et demi de procès à Londres par l’envoyée spéciale d’OWNI à Londres (en version originale sur owni.eu)

Accès au Jour 2 du procès

Accès au Jour 3 du procès

[8h00 - Jour 1] Chez WikiLeaks, nous connaissons la différence entre le secret et la vie privée

L’année dernière en août, Assange était au sommet du monde. Il défiait la superpuissance américaine avec les warlogs afghans, suivis de la plus grande fuite de documents diplomatiques de l’Histoire. Il était une superstar en Suède, où il donnait des interviews et tentait d’obtenir un permis de séjour. Aujourd’hui, il fait tout pour ne pas retourner dans ce pays.

Pendant l’été dernier, il a eu des relations sexuelles avec deux femmes, connues sous le nom de Miss A et Miss W. Ces deux femmes prétendent qu’elles ont été violées ; l’une pendant qu’elle dormait ; l’autre en assurant qu’Assange aurait volontairement déchiré le préservatif. Ces deux femmes cherchent à faire extrader Assange du Royaume-Uni vers la Suède pour qu’il y soit jugé, réveillant ainsi un scandale qui continue d’affecter la crédibilité de WikiLeaks.

Les projecteurs se sont alors pointés sur Assange, mais cette fois-ci avec un éclat sinistre. Après avoir été arrêté par la police londonnienne, une audience préliminaire a eu lieu lieu le 11 janvier. L’avocat d’Assange y dévoilait la structure de son argumentation contre l’extradition de son client : “il n’a pas été accusé d’un crime, en raison de failles dans l’accusation des procureurs suédois – et parce qu’une extradition pourrait le conduire tout droit à la baie de Guantanamo ou dans le couloir des condamnés à mort”.

Alors que le scandale a provoqué l’indignation des organisations féministes qui insistent pour qu’Assange soit présenté devant la justice, Assange prétend de son coté que l’affaire n’est qu’un coup politique. Quelques jours avant l’audience, il publie une vidéo pour ses supporters, faisant valoir son droit de tenir les gouvernements responsables sans encourir de poursuites :

Nous croyons au pouvoir transparent, pas en la transparence du peuple.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

[8h15] Et WikiLeaks ?

Tout au long de l’affaire de l’extradition, Assange a toujours été clair sur le fait que WikiLeaks continuerait de publier les mémos diplomatiques. Samedi dernier, le site a publié pas moins de 800 documents diplomatiques. Est-ce que ces publications ont un lien avec l’audience d’aujourd’hui ? Probablement, étant donné qu’il semble difficile de cloisonner totalement l’affaire du “viol” avec le travail de Assange chez WikiLeaks.

Le Guardian a aussi examiné les conséquences des mémos diplomatiques à travers le monde, et comment cela a affecté la communauté internationale à l’aide d’un documentaire vidéo.

[9h42] L’extradition vers les Etats-Unis est-elle une option envisageable ?

Selon Assange et son équipe juridique, la possibilité d’une extradition vers les Etats-Unis existe si la Suède gagne cette procédure. Est-ce une réelle possibilité ? Dans la plupart des pays européens, il est illégal d’extrader quelqu’un vers un pays où la peine de mort est autorisée. Mais cela sera-t-il suffisant poids face à l‘argument de “terrorisme” ? Selon notre journaliste Federica Cocco :

L’Angleterre et les Etats-Unis ont signé un traité d’extradition rapide en 2003 afin d’accélérer le transfert de terroristes suspects. Depuis avril 2007, 23 personnes ont été extradées de l’Angleterre vers les Etats-Unis.

Par le passé, la Suède a déjà extradé des personnes vers les Etats-Unis.

Par conséquent, en dépit des normes européennes, le sort d’Assange reste incertain sur ce point.

[10h14] Le calme avant la tempête

[10h47] Le cirque médiatique

Avec le déclenchement de l’affaire WikiLeaks et ses suites, il est difficile de traiter cette audience sur le mode particulier, sans la placer dans son contexte. Pour le commun des mortels, une telle audience n’agiterait pas les médias. Mais il est certain que l’intérêt pour cette affaire n’est pas tant de savoir ce qu’Assange a fait ou pas, mais plutôt de savoir qui il est en tant que célébrité.

[11h15] L’audience commence

Tout le monde est à sa place, Assange semble détendu dans la salle d’audience. Le juge Howard Riddle vient de confirmer le nom d’Assange et son adresse, donnant ainsi le départ de l’audience. Apparemment, l’audience sera enregistrée, ce qui est inhabituel. Peut être est-ce une mesure de précaution parce que la justice s’est prise les pieds dans le tapis par le passé (des vices de procédure ont été relevé) ?

La baronne Helena Kennedy défendra Assange aujourd’hui alors que Clare Montgomery représente l’accusation. Alors que les deux plaignantes ont été nommées lors de la précédente audience préliminaire, celles-ci continueront à être évoquées sous les noms de Miss A et Miss B.

Pour rappel, Miss A accuse Assange de trois agressions sexuelles tandis que Miss B l’accuse de viol (au sens très spécifique définit par le droit suédoise).

[11h37] Assange extradé seulement pour un interrogatoire ?

“La définition du viol en Suède est la violation délibérée de l’intégrité sexuelle d’une femme par la pénétration”,  affirme Clare Montgomery. “Dans le cas de Miss W, M. Assange a eu un rapport sexuel avec elle et a profité du fait qu’elle était endormie”. Elle poursuit pour indiquer que M. Assange avait conscience que Miss W ne consentirait à avoir un rapport sexuel que de manière protégée, ce qui est apparemment aussi une infraction au regard du droit anglaise. Du coup la question est de savoir si l’affaire doit être traitée au Royaume-Uni ou en Suède.

Mais ce que dit la défense, c’est que l’accusation n’a pas vraiment apporté de charges, mais demande plutôt l’extradition afin de procéder à un interrogatoire. Si tel était le cas, cela serait un abus de mandat d’arrêt européen. Montgomery précise sa position en expliquant que “ce mandat d’arrêt remplit sans aucun doute toutes les conditions requises par les directives européennes”, car il y a une intention d’accusation.

Selon la procédure légale, il doit y avoir un interrogatoire après l’extradition. “Le tribunal ne peut pas confirmer que sa présence n’est requise que pour un interrogatoire” détaille Montgomery, ce qui signifie qu’il y a une forte intention de l’inculper pour agression sexuelle. Sur les sept points de défense d’Assange, le deuxième vient d’être renversé.

[12h06] L’extradion vers les USA est-elle possible ? (part 2)

Montgomery continue son accusation:

Il est impossible de prétendre qu’un procès juste ne puisse avoir lieu en Suède, puisque le pays a signé les conventions des droits de l’homme. En ce qui concerne la menace d’être extradé vers les Etats-Unis, cette plainte ne repose que sur des hypothèses… sans substance ni fondement sur des événements factuels. Donc, dans le cas où l’extradition vers les USA serait demandée, le Royaume-Uni pourrait intervenir.

En résumé, Montgomery abat la défense d’Assange en expliquant que l’extradition vers les USA n’est qu’une théorie visant à obtenir du soutien.

Pour la défense d’Assange, Robertson a affirmé que si le procès devait avoir lieu en Suède, il serait impossible d’avoir un procès juste en raison de la politique de la justice suédoise qui consiste à empêcher les médias d’accéder à la salle d’audience. “Vous ne pouvez pas avoir un procès juste si la presse et le public sont exclus du tribunal. C’est ce qui arriverait si le procès devait avoir lieu en Suède“, affirme-t-il avec insistance : “En raison du danger de préjudice dans ce cas particulier, il est plus important que le procès soit totalement ouvert.” Robertson a aussi signalé le fait que la Suède avait de très mauvais précédents en matière de traitement des détenus étrangers, et a d’ailleurs été critiquée par la commission européenne.

[12h30] Définition du viol, Suède vs. Angleterre

Selon la défense, “aucune des inculpations ne prétendent qu’Assange avait raisonnablement cru que la femme ne consentait pas.” Ce qui est intéressant ici, c’est que Robertson utilise le terme d’ “inculpation” plutôt que d’”allégations”. Cela indique-t-il que l’équipe juridique d’Assange reconnait l’argument précédent de Montgomery ?

Robertson poursuit :

L’accusation décrit l’inculpation comme un “délit mineur”. Ce qui est une contradiction dans les termes. Le viol en Angleterre n’est pas un délit mineur et entraine des peines d’un minimum de cinq ans. Soit les allégations sont qu’il y a eu abus dans la relation, soit manque de consentement, ou les deux.

Ainsi, Robertson résume : ce qui est considéré comme un “viol mineur” sous la loi suédoise n’est pas un viol dans les autres pays.

Robertson affirme qu’il y a eu trois relations durant la soirée : “pas moins de trois rapports sexuels consentis.” Lors du quatrième et controversé rapport, elle pense qu’il n’a pas mis de préservatif, et le laisse finalement continuer, allant même jusqu’à en blaguer (même s’il n’est pas clair que l’humour était mutuel ou si Assange tentait de dédramatiser la situation).

[12h56] Controverse sur le mandat d’arrêt européen

L’essentiel de la défense repose sur la mauvaise utilisation du mandat d’arrêt européen. Le 20 août, en plein milieu de l’interrogatoire d’Assange, le procureur a fait savoir qu’Assange faisait l’objet d’une investigation. La presse  a contacté la plaignante, qui a confirmé la procédure, ce qui est illégal au regard de la loi suédoise.

Après que l’affaire a été classée, Mme Ny a décidé de se réengager dans l’enquête. Le 14 Septembre, un représentant d’Assange a demandé à Mme Ny si elle voulait poursuivre l’affaire. Cette dernière a laissé le temps passer avant de notifier à Assange qu’il devait être interrogé à nouveau. Quand on lui a demandé si Assange pouvait être interrogé par Skype ou à quel moment ils pouvaient fixer un rendez-vous avec Mme Ny, elle a rejeté les suggestions. D’après la défense, Assange était prêt à être interrogé pendant cinq semaines, mais Mme Ny n’a pas donné suite.

Mme Ny a affirmé qu’elle était autorisée à lancer un mandat d’arrêt européen (MAE), et a appelé elle-même le “directeur des poursuites publiques”. L’avocat d’Assange a demandé si Marianne Ny avait le droit de délivrer un mandat d’arrêt européen, puisque le mandat d’arrêt doit être émis par une autorité officielle autorisée et non par des citoyens privés. Il a affirmé également que le mandat d’arrêt européen était émis pour un interrogatoire seulement, et non pour les chefs d’accusation contre Assange. Robertson a expliqué en effet qu’ “à ce stade, Mme Ny pouvait elle-même être remplacée par le procureur général. Nous n’étions pas au stade où Assange était irrévocablement assigné en justice. Comment peuvent-ils lancer un mandat alors qu’Assange a été interrogé uniquement sans inculpations ?”

[13h55] Le premier témoin : Britta Sundberg-Weitman

Le premier témoin pour Assange est Britta Sundberg-Weitman, qui est un juge d’appel suédois à la retraite. En 1981, il a été promu à la Cour d’appel, mais il a pris sa retraite en 2001 et a une carrière universitaire depuis. La suite est une transcription rapide de l’interrogatoire de Robertson :

Robertson : Que pensez-vous de la procédure visant Assange ?

Britta Sundberg-Weitman : Extrêmement étrange. Ma spécialité est le droit administratif.

Robertson : Qu’avez-vous vu en relation avec l’autorité de la loi ?

Britta Sundberg-Weitman : Elle était dans l’obligation de ne pas confirmer qu’Assange était visé par une enquête. C’est une entorse à la confidentialité, bien qu’elle ne puisse pas être attaquée parce que chacun est libre de s’exprimer. Ce n’est pas une bonne chose mais ça ne contrevient pas au droit suédois (il continue et dit que les réactions contre Assange étaient hostiles en Suède, la plupart des gens considérant comme acquis qu’il a violé deux femmes). Ny en particulier est “contre les hommes”.

Robertson : Il semblerait que Mme Ny soit en faveur de l’enfermement d’hommes innocents ?

Britta Sundberg-Weitman : Hé bien, je ne pense pas qu’elle veuille ça… Honnêtement, je n’arrive pas à comprendre son attitude à l’encontre d’Assange. Ca a l’air malveillant. Il aurait été si simple de l’avoir entendu alors qu’il était en Suède. Elle aurait pu être d’accord pour l’entendre au téléphone, en vidéoconférence etc.

Robertson : Les procureurs sont-ils autorisés à entendre les suspects au téléphone ?

Britta Sundberg-Weitman : Oui, c’est dans le manuel. C’est recommandé. Il n’y a aucun règle spécial de droit contre les interviews vidéos.

Robertson : Rien ne décourage l’utilisation d’interviews téléphoniques.

Britta Sundberg-Weitman : Absolument. Elle veut qu’il revienne en Suède, peu importe ce qu’il dit. Je pense que son but est qu’il soit arrêté et peut-être qu’il souffre pour qu’il devienne plus tendre.

Robertson : Elle a demandé qu’il soit détenu au secret ?

Britta Sundberg-Weitman : Je suis surpris, la décision ne le dit pas.

Robertson : C’est dans la décision du tribunal d’instance. Est-ce normal ?

Britta Sundberg-Weitman : Oui, c’est normal. Il ne faut pas que la possibilité d’influencer les témoins lui soit donnée.

Robertson : Qu’en est-il de l’entraide judiciaire ?

Britta Sundberg-Weitman : Oui, c’est une possibilité, il existe un manuel spécial à ce sujet. Quand le suspect est à l’étranger, l’entraide judiciaire est possible. C’est régulé par une convention et c’est encouragé.

Robertson : Il y a une règle qui dit que l’enquête préliminaire doit être menée aussi rapidement que possible, n’est-ce pas ?

Britta Sundberg-Weitman : Ah oui, c’est une partie très importante de la procédure. Très souvent, elle n’est pas du tout respectée et rien ne se passe.

Robertson : Est-il important en Suède pour les procureurs de demander au suspect s’il veut que des preuves soient examinées ou des témoins interrogés ? Est-il nécessaire pour le suspect que toutes les preuves lui soient montrées ?

Britta Sundberg-Weitman : OUI, une fois qu’ils décident de le poursuivre. Je pense qu’avant de décider de le poursuivre ils doivent montrer toutes les preuves au suspect.

Robertson : La décision de délivrer un mandat d’arrêt est-elle une entorse au principe de proportionnalité ?

Sundberg Britta-Weitman : Oui. Une autorité ne doit jamais utiliser des moyens plus sévères que ce qui est nécessaire. Ce principe n’a pas été respecté du tout. Je ne pense pas que vous puissiez faire plus de mal à une personne que cela a été fait dans le cas présent. Il est connu dans le monde entier comme un violeur !

Robertson : Le mandat d’arrêt européen implique qu’il devra aller en Suède, être détenu au secret et aura un procès à huis-clos ?

Sundberg Britta-Weitman : Oui.

Robertson : Pensez-vous que c’est devenu une question politique en Suède ?

Britta Sundberg-Weitman : Tout à fait, tout à fait.

Robertson : Les attaques de M. Bergstrom contre M. Assange ont été largement rapportées.

Sundberg Britta-Weitman : Oui.

[15h24] Contre-interrogatoire de Montgomery

Montgomery vient de terminer son contre-interrogatoire, et l’échange pourrait nuire gravement au témoignage précédent de Britta Sundberg-Weitman. Tout au long de l’examen on aurait dit qu’il y avait des problèmes avec la traduction, comme l’anglais n’est pas la langue maternelle de Britta Sundberg-Weitman. En résumé, il semble que Britta Sundberg-Weitman ait admis l’interprétation de Montgomery selon laquelle Mme Nye peut émettre un mandat d’arrêt européen en vertu du droit suédois. De plus, Montgomery aurait essayé de prouver que Hurtig savait et avait eu accès aux preuves malgré les affirmations de la défense.

Voilà une transcription rapide des événements par notre correspondante via Twitter :

Montgomery : Diriez-vous que vous êtes un expert du droit pénal suédois ?

Britta Sundberg-Weitman: Hé bien, j’ai une expérience de plus de 30 ans.

Montgomery : Sur quels faits fondez-vous votre opinion ?

Britta Sundberg-Weitman : Des faits.

Montgomery : Est-ce seulement ce que vous a dit l’équipe de défense d’Assange ? Savez-vous vous-mêmes de façon certaine ce que le procureur a fait en engageant les poursuites ?

Britta Sundberg-Weitman : Non, j’ai suivi depuis le début ce que le procureur a dit en public.

Montgomery : Avez-vous connaissance de la communication de Mme Ny entre le procureur et M. Hertig avant qu’Assange quitte la Suède ?

Britta Sundberg-Weitman : Non.

Montgomery : Ceci est une question hypothétique. Si en tant que juge on vous avait dit que le procureur avait contacté l’avocat du défendeur, et l’avocat avait dit qu’il ne pouvait pas contacter le suspect, auriez-vous des raisons d’entamer des poursuites ?

Brita Sundberg-Weitman : C’est très hypothétique en effet. Ce serait un cas différent du cas présent.

Montgomery : Sur la seule base de ce que vous avez entendu de ce qui s’est passé. Mme Ny a demandé un mandat que parce que, lorsqu’elle a contacté l’avocat d’Assange, elle n’a pas obtenu de réponse.

Britta Sundberg-Weitman : Je ne peux pas considérer comme un fait que Mme Ny a refusé de fournir à Assange et ses avocats les informations nécessaires.

Montgomery : Avant qu’un procureur puisse obtenir un mandat d’arrêt, elle devait aller au tribunal. Ny est allée au tribunal d’instance de Stockholm. Elle est aussi allée à la Cour d’appel.

Britta Sundberg-Weitman : Ny a tenu pour acquis que rien ne changerait. C’est irrespectueux envers la Cour d’appel.

Montgomery : La cour d’appel de Svea a estimé que l’émission était proportionnelle.

Britta Sundberg-Weitman : Il n’y a pas beaucoup de juristes en Suède qui s’intéressent à ce principe juridique. La plupart des avocats et des juges suédois pensent que le principe de proportionnalité repose sur l’intuition. Pourtant ce n’est pas exact.

Montgomery : Pensez-vous que c’était à vous de dire à la cour de Svea et à la court d’appel votre point de vue ?

Britta Sundberg-Weitman : Mais pour moi il était évident qu’ils se trompaient.

Montgomery : Êtes-vous d’accord que le tribunal de Svea et le tribunal d’instance aurait été en contact avec Mme Ny et l’avocat d’Assage ? Le tribunal d’instance et la cour d’appel aurait-ils été en contact avec l’avocat d’Assange ? M. Hurtig était-il au tribunal de Svea et au tribunal d’instance ?

Britta Sundberg-Weitman : Il a été demandé à Mme Ny de s’expliquer avant la Cour d’appel et elle avait deux jours.

Montgomery : Hurtig était-il là ou non ?

Britta Sundberg-Weitman : Je ne pense pas, mais je n’ai pas regardé ce détail particulier.

Montgomery : La question de la détention provisoire ou de la caution était-elle sous le contrôle du tribunal ?

Britta Sundberg-Weitman : Nous n’avons pas de système de caution en Suède. Il aurait dû être enfermé ou bien informer la police de ses déplacements comme il le fait maintenant.

Montgomery : La Suède est-elle dotée d’un système judiciaire indépendant et impartial ?

Britta Sundberg-Weitman : J’ai bien peur que ma réponse soit non.

Montgomery : Y’a-t-il une pluralité de points de vue d’autres experts parmi lesquels certains considèrent que la Suède peut rendre un jugement impartial ? La Suède accepte-t-elle la juridiction obligatoire de la Cour de Strasbourg ?

Britta Sundberg-Weitman : Oui.

Montgomery : Autre question hypothétique. Si la décision de poursuite Assange avait été prise, Mlle Ny avait le droit de délivrer un mandat d’arrêt, n’est-ce pas ?

Britta Sundberg-Weitman : En vertu du droit suédois, oui.

Montgomery : Pensez-vous que le cadre des directives dise que le droit d’émettre un mandat d’arrêt européen en Suède ne survient que lorsqu’on a pris une décision finale de privation de liberté ? Je suggère qu’il n’est pas nécessaire d’atteindre un stade particulier dans les procédures à condition que le procureur ait émis un mandat d’arrêt.

Britta Sundberg-Weitman : Vous avez peut-être raison.

Montgomery : Êtes-vous d’accord que le procureur avait assez de preuves pour qu’il ou elle puisse entamer des poursuites ?

Britta Sundberg-Weitman : Oui.

Montgomery : S’il y a assez de preuves pour justifier une condamnation, alors il est justifié de poursuivre en justice ?

Britta Sundberg-Weitman : Oui.

[16h10] Britta Sundberg-Weitman à nouveau interrogé par Robertson

Roberston commence son réexamen en demandant à Britta s’il pensait qu’il était acceptable pour Mme Ny de descendre les tentatives de Assange de prendre contact avec Mme Ny. Britta confirme que ça ne l’est pas. Britta a ajouté que Ny avait le droit de délivrer un mandat d’arrêt européen en vertu de la loi suédoise, elle n’était pas autorisée à le faire en vertu du droit européen.

[17h01] Témoin suivant: Gorun Rudling

“Ma langue maternelle est le suédois, et si je ne comprends pas la question, je vais vous demander à nouveau,” commence Gordling. “Êtes-vous un supporter de WikiLeaks ou d’Assange?”, demande Sven-Erik Ahlem, l’un des avocats d’Assange. “Non, je ne le suis pas, mais je pense que vous devriez faire attention lorsque vous faites fuiter des informations”.

Rudling continue en racontant comment l’histoire de Mme A n’était pas été tout à fait exacte. Apparemment, il avait contacté la police et les avaient informés que Mlle A. avait supprimé de son compte les tweets qui prouvaient qu’elle était heureuse dans la société d’Assange. Elle l’avait tweeté après le 13 et le 14 août, les jours autour desquels le délit a eu lieu.

Mlle A avait montré son intention de nuire en publiant un manuel de vengeance en sept étapes. Dans ce document, elle a conseillé: “Souvenez-vous quels sont vos objectifs pendant que vous opérez, vérifiez que votre victime souffre de la même manière qu’il vous a fait souffrir.”

Le reste de sa déclaration écrite peut être consulté en ligne.

[17h20] Contre interrogatoire

“Quelles preuves avez-vous vues sur la poursuite exactement?”, demande Montgomery en premier. Elle indique ensuite que, même si Rudling avait lu plus de 100 pages de preuves, ce n’était pas le fichier de police, mais seulement les documents qui ont été envoyés à Assange. Par ailleurs, elle demande si Rudling sait pourquoi Mme A avait supprimé ces tweets précédents. Quand Rudling a dit qu’il ne sait pas exactement, Montgomery a clarifié que les tweets avaient été supprimés pour éviter l’attention des médias et de lui permettre de conserver un statut anonyme.

Rudling est ensuite révoqué et l’audience est suspendue pour le reste de la journée.

[17h51] Déclaration d’Assange après le premier jour

Alors que Julian Assange essaie de faire sa déclaration, une femme crie: “Pas de justice, pas de paix!” et la police intervient. Assange continue :

Une boîte noire a été posée sur ma vie. A l’extérieur de la boîte noire a été écrit le mot “viol”. Cette boîte, grâce à un procès ouvert, est maintenant en train de s’ouvrir.

Ce sont les brefs mots qu’Assange a donné aux médias, avant de sortir. Le procès reprendra demain à 10h. En attendant, les avocats d’Assange ont publié l’ensemble de leurs documents au public.

[18h33] Où sont les manifestants?

Depuis ce matin, le fan club d’Assange n’a pas grossi à l’extérieur de Belmarsh Cour. Il y avait peut-être plus de pancartes, mais pas un plus grand nombre de supporters :

Peut-être que le supporter type d’Assange et de WikiLeaks préfère les rassemblements aux sittings à l’extérieur d’un palais de justice pendant toute la journée.

Il ne fait aucun doute que Julien Assange est capable de rassembler les foules. Hier, à Syndey, un très grand nombre de ses compatriotes ont organisé un rassemblement pour WikiLeaks. Le groupe de ce soir montrera-t-il le même enthousiasme ?

[19h00] Premier jour du procès d’extradition de Julian Assange – Un résumé

Au cours du procès préliminaire le mois dernier, nous nous sommes arrêtés aux principales remarques de l’équipe juridique d’Assange. Une réclamation majeure était que le recours à un mandat d’arrêt européen était abusif, puisque l’accusation semble juste vouloir interroger Assange plutôt que de lui intenter un procès. Clare Montgomery du ministère public a balayé ces arguments en disant que l’intention était suffisante pour poursuivre en justice Assange et que l’utilisation du mandat d’arrêt européen était légale en vertu du droit suédois. De plus, elle a rejeté l’idée qu’Assange pourrait être extradé vers les États-Unis.

La défense a présenté deux témoins aujourd’hui. Le premier était Britta Sundberg-Weitman, un juge suédois à la retraite. Elle a témoigné que cette affaire était “extrêmement étrange” étant donné que les revendications de comportement sexuel inconvenant n’ont pas été faites de bonne foi. Montgomery a contrecarré en invoquant des subtilités techniques entre le droit suédois et le droit européen.

Le deuxième témoin a été Gorun Rudling, qui avait des informations pour contredire le récit de Mme A. Il a affirmé que la femme a mis un plan de vengeance en ligne et a supprimé les messages twitter qui montraient sa satisfaction concernant son travail à WikiLeaks.

Dans l’ensemble, cette affaire repose sur l’interprétation du MAE. Le droit international est compliqué à cause de l’imbrication de pays souverains qui ont compétence égale pour interpréter des questions juridiques. L’interprétation du droit international de la Suède va-t-il s’appliquer au Royaume-Uni ? Découvrez-le demain pendant la deuxième journée du procès d’extradition d’Assange.

[09h30] Suivi du rassemblement de la nuit dernière

Bienvenue dans la seconde journée du procès d’extradition de Julian Assange ! Avant que l’affaire commence dans un peu plus d’une heure, nous sommes de donner des précisions sur les événements qui se sont déroulés hier après l’audience. Après le premier jour de l’affaire d’extradition, Julian Assange a fait cette déclaration:

Depuis les derniers cinq mois et demi, nous avons été dans un état où une boîte noire a été posée sur ma vie. A l’extérieur de la boîte noire a été écrit le mot «viol». Cette boîte, grâce à un procès ouvert, est maintenant ouverte. J’espère que nous verrons au cours de la journée suivante que cette boîte est en fait vide et n’a rien à voir avec les mots qui sont écrits à l’extérieur. Nous avons pu le constater aujourd’hui et je tiens à remercier ceux qui me soutiennent et mes avocats qui continuent de m’aider.

Hier soir, le soutien à WikiLeaks a continué avec un rassemblement organisé par Stop the War. Plusieurs intervenants importants ont prononcé des discours passionnés sur la liberté d’expression. Dans son introduction à la manifestation, Tony Benn a déclaré: “L’exigence de démocratie s’exprime partout dans le monde … WikiLeaks est un exemple très clair de comment cette bataille peut être gagnée.”

[11h58] Premier témoin

Le procès a finalement commencé une heure après l’heure prévue, avec Sven-Erik Alhem comme premier témoin. Alhem était un ancien procureur général suédois qui a critiqué les erreurs commises dans l’enquête précédente d’Assange. Lors de l’interrogatoire, il a fait les remarques suivantes :

1. La convention européenne confère des droits très importants aux suspects d’un crime : “Le suspect a le droit d’être informé dès que possible et en détail du contenu des poursuites. Il ou elle doit avoir la possibilité de donner sa version des faits et de commenter ce qui a été dit par l’autre partie. Une règle d’or quand il s’agit de poursuites criminelles est que les deux parties doivent être entendues.”

2. Il est possible (mais pas courant) de mener des entretiens à l’étranger si une rencontre en personne n’est pas possible.

3. Alhem estime que l’accent a été trop mis sur la question des pistes fermées dans les tribunaux en Suède. “À mon avis, l’accent a été trop mis sur la question du huis clos. Cela sert à contrebalancer les positions dans lesquelles se trouvent les parties. J’ai débattu de la question, l’avantage du huis clos est que vous n’avez pas besoin rendre publiques les embarrassantes déclarations des demandeurs… J’hésite sur cette question.”

Après un premier interrogatoire, Clare Montgomery a mené le contre interrogatoire. Avant qu’elle commence à interroger Alhem, elle a demandé à M. Hurtig de quitter la salle.

Montgomery : Les déclarations faites par Mme Ny et Hurtig – les avez-vous lues ?

Alhem : Non je ne les ai pas lues, mais je n’ai rien dit à leur sujet.

Montgomery : Pensez-vous qu’il aurait été important de les comprendre avant de se faire une idée des actions de l’accusation ?

Alhem : Je pense que cette question devrait être posée à Hurtig, on m’a demandé de donner mon avis sur les questions relatives à la convention européenne. Je ne pense pas qu’il y ait un problème avec le mandat d’arrêt européen (MAE), s’il est vrai que la justice n’était pas en mesure d’interroger le suspect. Si cette audience ne répondait pas aux attentes, alors vous avez encore la possibilité d’utiliser le MAE. Pour éviter tout malentendu, vous pouvez avoir une opinion sur la façon dont M. Assange traite cela. Si j’étais à – comment dire en anglais – à sa place, je serais allé en Suède. Je pense que ça aurait été important de lever tout soupçon sur mon nom.

Montgomery poursuit en lisant le témoignage officiel de Mme Ny pour le témoin (à lire en intégralité sur owni.eu).

Alhem a répondu que si les événements étaient sous sa propre juridiction, il aurait placé Assange en détention immédiate. “Pour être honnête, ces informations ne correspondent pas aux informations que j’ai reçues. J’ai entendu parler d’une audience qui a été reportée parce qu’un policier était malade, auquel cas il aurait été très facile de prendre des dispositions pour un nouvel entretien.” Néanmoins, quand il a tenté de clarifier son point de vue sur la proportionnalité juridique et son droit d’être interrogé au Royaume-Uni, Montgomery l’a congedié car il ne répondait pas à la question posée.

L’interrogatoire se poursuit pour préciser les points suivants :

1. Le mandat d’arrêt européen était une méthode acceptable pour trouver Assange si les échantillons d’ADN étaient un élément nécessaire de l’interrogatoire.

2. Que l’audition en Suède soit publique ou à huis clos est entièrement à la discrétion du système juridique suédois, bien qu’il soit possible pour les juridictions européennes de faire appel.

3. Il serait impossible pour les États-Unis d’extrader Julian Assange sans déclencher “une tempête médiatique.”

L’avocat d’Assange commence le contre-interrogatoire, lui demandant s’il était possible de préveler les échantillons d’ADN à l’étranger. Alhem réaffirme son opinion : l’échantillonnage d’ADN était une bonne raison pour Julian de retourner en Suède.

Finalement, après un interrogatoire serré, Alhem est renvoyé de la barre et une pause de 10 minutes est décidée.

[14h20] Le procureur général australien répond

Selon WikiLeaks central, le gouvernement australien a répondu à des appels lui demandant de renforcer et d’organiser la défense d’Assange. La lettre dit :

Le gouvernement australien a déclaré que la diffusion à grande échelle de centaines de milliers de documents classifiés du gouvernement des États-Unis est imprudente, irresponsable et potentiellement dangereuse. En ce qui concerne M. Assange, il jouit des mêmes droits que tout autre citoyen australien, y compris une aide consulaire et le droit de retourner en Australie. Le gouvernement ne se livrera pas à un commentaire détaillé sur la question de WikiLeaks ou la procédure judiciaire contre M. Assange.

On dirait qu’Assange est tout seul aujourd’hui, puisque le gouvernement australien veut clairement mettre une certaine distance entre lui et l’homme qui a enragé l’ensemble du monde diplomatique.

[15h30] Bjorn Hurtig monte à la barre : interrogatoire par Robertson

Bjorn Hurtig, avocat Julian Assange pendant la correspondance entre Assange et Melle Ny, monte à la barre pour témoigner. Résumé des événements :

1. M. Hurtig a déclaré que même si cette affaire a déjà beaucoup attiré l’attention des médias, il est peu probable qu’une audience en Suède soit ouverte au public.

2. Assange n’a pas reçu les documents en anglais par le ministère public, ce qui est une violation de ses droits.

3. Il rappelle la difficulté et la confusion qu’il a rencontré pour tenter d’organiser un interrogatoire entre Assange et Mme Ny.

4. Hurtig évoque également certaines des informations classifiées auxquelles il avait un accès limité.

[17h35] Bjorn Hurtig Partie II: contre-interrogatoire

Montgomery interroge le témoin, et a insisté sur le fait que M. Hurtig avait plus de contact avec Melle Ny que son témoignage ne l’indiquait. Après double vérification de ses dossiers, il avait effectivement plus de contact. Montgomery poursuit en demandant l’étendue de ses tentatives d’entrer en contact avec Assange. “Au minimum je lui ai dit de me rappeler. Vous devez tenir comme acquis que je lui ai envoyé des messages” a été la réponse de Hurtig. L’interrogatoire a duré, Montgomery mettant l’accent sur le fait qu’Assange devenait un “homme recherché” et qu’il était de la responsabilité de Hurtig d’informer son client.

L’interrogatoire a abordé la question de l’échantillon ADN. Les deux avocats n’étaient pas d’accord sur le fait qu’Assange avait besoin de revenir en Suède pour l’échantillon :

Hurtig : il était clair à ce moment-là qu’ils voulaient l’interroger, mais au milieu d’autres choses dans d’autres conversations avec Lejnefors, ce n’était pas tout à fait clair qu’il ne pouvait pas être interrogé au téléphone.

Montgomery : Mais vous saviez qu’ils devait prélever un échantillon d’ADN !

Hurtig : Ce n’est pas vrai. Les deux parties ont convenu qu’il y avait eu du sexe, alors pourquoi avoir besoin d’ADN pour le prouver ?

Montgomery : Parce que le préservatif s’est déchiré.

Hurtig : Cela dépend du fait qu’il utilisait un préservatif et du fait qu’il y ait eu éjaculation.

Montgomery : C’est quelque chose que l’on doit établir face à face.

Hurtig : Pourquoi ?

Montgomery : Pour obtenir l’échantillon !

Hurtig : Dans ce cas, pourquoi ne pas passer un test de salive ou un test ADN en Angleterre?

Montgomery : il est possible que les procureurs ne veuillent pas. Il est possible qu’ils veuillent préveler l’échantillon en personne.

Hurtig : Je ne suis pas d’accord. Pensez au cas l’an dernier en Finlande, la police s’est rendue en Suède pour faire un test ADN pour un interrogatoire finlandais.

Montgomery : Vous êtes d’accord que l’absence de test ADN est une faiblesse dans le cas.

Hurtig : Oui, mais à ce moment-là, je n’avais pas de déclaration de Julian donc je ne savais pas quelle était sa position. A voir vos compétences, je pressens que vous auriez procédé de la même façon.

[18h00] Pas de verdict ce soir

Robertson conclut le témoignage d’Hurtig, soulignant qu’il était possible que l’ADN soit prévelé au Royaume-Uni au lieu d’obliger son client à retourner en Suède. Robertson informe le juge que Julian a initialement refusé de donner un échantillon ADN, mais a plus tard admis de le faire de son propre grés. Robertson a aussi demandé à Hurtig pourquoi Mme Ny n’avait pas pu se rendre à Londres pour l’audience d’aujourd’hui, Hurtig a répondu qu’il n’en connaissait pas la raison.

[19h, deuxième jour : après la reprise de l’audition]

Selon le Guardian, Mark Stephens qui appartient à l’équipe de défense d’Assange a mis au défi Mme Ny de venir à Londres pour témoigner en son nom. Il a indiqué qu’elle était prête à mettre Assange sous les projecteurs mais ne voulait pas s’y retrouver elle-même. Assange dit à peu près la même chose :

La journée a été longue. Ce à quoi nous avons assisté était des abus de droits après des abus de droits.

Résumé du jour 2 : L’essentiel du débat a été de savoir qui était responsable de l’échec des communications dans la mise en place d’un interrogatoire d’Assange. Alors qu’il est clair que le ministère public a essayé à plusieurs reprises d’entrer en contact avec Assange, il apparaît qu’il y avait une faille de système du côté de la défense ; Assange était préoccupé par les retombées de WikiLeaks et son avocat n’était pas informé de la gravité de ce cas. Il y avait aussi un désaccord entre les parties sur la nécessité pour Assange de retourner en Suède pour un prélèvement ADN qui pouvait être effectué au Royaume-Uni comme la défense l’a souligné.

[11 février, 10h41] Jour 3

La séance de clôture va bientôt commencer, à 10h30 à Londres. Il est prévu qu’aucune décision ne soit prise aujourd’hui et il est probable que les deux parties feront appel si la décision n’est pas en leur faveur.

A quel point Assange et WikiLeaks seront touchés par ce scandale à long terme ? WikiLeaks a soutenu Assange, affirmant que ces accusations de comportement sexuel inconvenant était motivées politiquement. Cependant l’attitude d’Assange a poussé certains anciens employés à lancer leur propre site concurrent intitulé OpenLeaks. Selon le Guardian, Daniel Domscheit-Berg, le fondateur d’OpenLeaks, vient de publier son livre WikiLeaks: Inside Julian Assange’s War on Secrecy. Pour Domscheit-Berg, Julian est « un “empereur”, qui était obsédé par le pouvoir et l’argent et avait un penchant pour les jeunes femmes ». Daniel a également rappelé le besoin de domination d’Assange dans pratiquement toutes les situations :

Le verdict n’a pas encore déterminé à point Assange est responsable des accusations de comportement sexuel inconvenant. Quoi qu’il en soit, Assange sera-t-il en mesure de rester le visage de WikiLeaks ?

[11h30] Conclusions : parole à la défense

L’audition a commencé avec Geoffery Robertson qui a demandé un ajournement à cause des commentaires du Premier Ministre suédois sur l’affaire.

De notre point de vue, cela renforce la perception d’une justice affaiblie. Preuve de la “nature toxique” de l’antagonisme, d’autant plus étonnante que le Premier Ministre a dit en janvier qu’il aurait tort de commenter l’affaire. Pourquoi a-t-il donc imaginé qu’il pouvait lancer une telle attaque seulement quelques semaines plus tard ? A-t-il des motivations d’ordre politiques ? C’est du pur mépris pour le principe de présomption d’innocence.

Même si le juge Howard Riddle a admis la remarque de Robertson, la demande d’ajournement a été rejetée pour finir l’audience aujourd’hui.


Robertson avait une heure pour conclure son plaidoyer. Ses dernières remarques incluaient :

  • La charge de la preuve incombant à l’accusation, Mme Ny devrai être tenue de témoigner.
  • Les tribunaux suédois ne sont pas aussi efficaces qu’on ne le pense, même s’ils sont membres de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH). Ils ont en ce moment 139 000 procès en instance devant la CEDH. Si le procès se passait mal en Suède, il pourrait falloir des années avant que justice soit rendue. De plus, le procès d’Assange serait probablement à huis-clos, ce qui peut faire douter de son caractère équitable.
  • Lors de l’émission du Mandat d’Arrêt Européen (MAE), l’accent a trop été mis sur le système juridique suédois au détriment d’une plus large perspective internationale : “L’émission [ne peut pas être faite par] un procureur général, mais par le ministère public suédois. Surtout parce qu’il ne s’agit pas d’un mandat d’arrêt. La procureur Ny a complètement et entièrement tort.”
  • Autre infraction du MAE, l’émission du mandat était “disproportionnée” puisqu’il existait des moyens de communication plus faciles comme des entretiens téléphoniques qui ont été écartés par l’accusation.
  • La question de la double incrimination a été relevée. En Suède, il existe une gradation dans le viol dont une forme s’appelle le “viol mineur”. Ce terme juridique n’existe qu’en Suède, d’autres pays considérerant qu’Assange a été jugé deux fois pour le même délit.

[14h00] Conclusions : l’accusation


La procureur Clare Montgomery a conclu par les arguments suivants :

  • L’autorité de Marianne Ny pour émettre le MAE est vérifiable.
  • La raison d’être du mandat était clair dans un contexte international. Le MAE était clairement destiné à engager des poursuites, et cela n’a rien à voir avec le fait d’être reconnu coupable de viol.
  • Quoi qu’il en soit, le viol est un crime très grave et peut dès lors entraîner une extradition en vertu du droit européen. Les mesures prises sont donc proportionnelles.
  • Mme Ny ne devrait pas être obligée d’être témoin à l’audience sur l’extradition, puisque c’est une preuve pour une affaire différente.
  • Montgomery a clarifié les questions relatives au procès qui se déroulerait à huis-clos en Suède. “Comme pour le secret, personne ne prétend que le tribunal suédois est insensible à cette question. L’appeler “un procès secret” tient de la parodie. Il s’agit simplement d’examiner les preuves en privé… Rien ne suggère aujourd’hui qu’il y aura des forfaitures ou que le procès serait mené de façon injuste.”

Robertson a brièvement répondu en 10 minutes. Il a précisé qu’il n’avait jamais dit que le viol n’était pas un grave délit, mais qu’il revenait au tribunal de décider si les accusations correspondaient au viol en vertu du droit britannique et européen et pas seulement en vertu du droit suédois.

Le procès s’est terminé pour la journée, le verdict d’Assange doit être rendu le jeudi 24 février.

[16h30] Jour 3 : dernière déclaration avant le verdict, le 24 février

Après une longue audition de deux jours et demi, le tribunal a ajourné le procès pour deux semaines pour réfléchir à sa décision finale. Il est très probable que les parties feront appel même après le verdict du 24 février. Il est ainsi bien difficile de dire jusqu’où l’affaire ira pour le visage de WikiLeaks.

Channel 4 a tweeté la déclaration d’Assange après les conclusions d’aujourd’hui :

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Traduit par Pierre Alonso

Crédits photo: Federica Cocco, Mataparda

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Ebook: OWNI.eu’s best-of http://owni.fr/2010/12/27/european-ebook/ http://owni.fr/2010/12/27/european-ebook/#comments Mon, 27 Dec 2010 19:06:17 +0000 Federica Cocco http://owni.fr/?p=40336 “The Future is here, it is just not evenly distributed” – these famous words from William Gibson somewhat encapsulate the driving philosophy of digital media and of Owni in particular. We aim to scout out new cutting-edge ideas that find themselves buried underground (a phantomatic abode where alternative thinking broods indiscriminately) and ‘bring them to the masses’, so to speak. These masses have a particular identity: they’re European and they’re keen to communicate with each other.

Owni.eu is of course a young creature, launched in October, shortly before our sister site, Owni.fr, was awarded with an Online News Association prize for excellence in journalism. Despite its young age, Owni.eu has an ambitious aim: to be the first Europe-wide website focusing on digital culture, cyberactivism, journalism and politics. We feel our particular historical context is a fertile ground for the growth of an engaged pan-European civil society – but where that will take us, we are yet to find out. It’s one reason our name ‘Owni’ is play on the French word for UFO – ‘ovni’. From the depths of our flying saucer we tend to be animated by a techno-utopian spirit, and we are more often than not optimistic about such future.

Of course the protagonist throughout these pages is innovation, but most of all the way our society and its mindset is adapting to such developments. One of the main characters of 2010 is WikiLeaks and its push for a new era of open governments and transparency. Owni.eu hosted the best opinion pieces on the release of the Embassy Logs – known through Twitter as #cablegate – and we finally selected one for this year’s ebook: Jeff Jarvis’s ‘Big Brother’s little brother’.

‘Why the internet did not win the Nobel peace prize’ is a critical look at Wired’s campaign to award the internet with a prize usually collected by men and women who have sustained a life-long fight for social progress and civil rights. The ideology behind that campaign, our editorial team felt, was ignorant of a key facet of techno-utopia; as Kevin Kelly put it, humans are the sex organs of technology. Technology is neutral and humans should take responsibility and credit for whatever they do with it.

The missing manual for the future by Tish Shute is a long and thorough account of the main initiatives and ideas of 2010 and its driving forces – ‘the four cylinder engine of innovation’ – as told by one of the main technology publishers, O’Reilly.

In the spirit of cyberactivism we have included two pieces which take part in longstanding polemics on the subjects of censorship and discrimination, two themes you’ll be sure to find explored even further on our site in 2011.
‘Blacklisting and Sexting; parental control as a political tool’ surveys the ramifications of practices such as parental control, as opposed to a more long-term education on the risks and perils of the web.

Last but not least, ‘Why we need to reframe the women-in-tech debate’ is a popular and controversial article that first appeared on Mashable, which gave rise to a constructive debate on gender equality within the tech industry, a theme which we aim to expand within the European arena in the coming year.

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http://owni.fr/2010/12/27/european-ebook/feed/ 4
Guardian Wordpress Plugin, a step ahead towards future of online news http://owni.fr/2010/12/15/guardian-wordpress-plugin-a-step-ahead-towards-future-of-online-news/ http://owni.fr/2010/12/15/guardian-wordpress-plugin-a-step-ahead-towards-future-of-online-news/#comments Wed, 15 Dec 2010 11:50:20 +0000 Federica Cocco http://owni.fr/?p=21829

There are those who think that in the digital age the newspaper industry can only survive by charging for its content and maximising their advertising footprint (read: Rupert Murdoch), and there are those who try to think beyond this assumption.

When it comes to digital strategy, the Guardian has so far shown to be the most forward thinking and experimental newspaper globally. Recently, it has introduced a plugin that allows Wordpress based blogs to post content directly from The Guardian website’s onto the blog.

The catch? Bloggers must publish the article in full without applying any modifications, and along with the content comes the newspaper’s advertisements. Whatever you may think, it’s a win-win situation: The Guardian doesn’t lose any profit and is actually able to monitise through the API, whilst publishers get free online news content from one of the world’s best newspapers.

It is certainly an interesting and timely move. Recently, Associated Press sent a legal threat to ColoradoPols.com – a blog covering politics in Colorado, USA - for having re-published its content without permission or remuneration. The case has caused shock in the media and in the blogging community.

This syndication tool is part of the newspaper’s Open Platform Program led by their very own Wizard of Oz, Matt McAlister, lead developer and main architect of The Guardian’s online strategy.

In an interview with GigaOm, Matt explained the rationale behind the Guardian’s online experiments:

At a time when newspapers like The Times of London and the Sunday Times are implementing paywalls [...] and other newspaper, such as the New York Times, are working on their own pay restrictions, The Guardian’s move toward creating an open platform is unusual. But despite the newspaper’s losses, Guardian editor-in-chief Alan Rusbridger has said that an open strategy is the key to the newspaper’s future.

For more info, we heartily recommend “The Open Strategy: Or how I stopped worrying about my website and learned to love the Internet” by the aforementioned online whiz.

Despite the best journalistic efforts at being unbiased, in this case we can’t help but give a big thumbs up to this initiative.

Guardian 1 : Competitors 0.

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Credits Photo CC Flickr : Everydaylifemodern.

Initially published on OWNI july 15th 2010

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It’s the internet, stupid http://owni.fr/2010/10/19/its-the-internet-stupid/ http://owni.fr/2010/10/19/its-the-internet-stupid/#comments Tue, 19 Oct 2010 10:53:39 +0000 Federica Cocco http://owni.fr/?p=31937 On today’s scaremongering menu: Is the internet making us stupid? To which one could naturally reply: when were we ever smart?

You must’ve heard this theory before, it has been on the airwaves for quite some time. It seems a study is released monthly proving that we are not neurologically equipped to adapt to new technologies, in fact these are atrophying our brain cells.

Most recently, Nicholas Carr – author of “What is the internet doing to our brains”, also known for his 2008 essay “Is Google making us stupid?” – spoke at last month’s World Computer Congress in Brisbane warning the audience of how “the internet, and social networking sites such as Twitter and Facebook in particular, are distracting and creating a society of disengaged communicators”.

Nicholas Carr is the most prominent information revolution naysayer, and describes the general process as he experienced it:

“Over the past few years I’ve had an uncomfortable sense that someone, or something, has been tinkering with my brain, remapping the neural circuitry, reprogramming the memory.”

The issue at hand is not just stupidy, as hard to define as it is, but the ability to concentrate. It seems new technologies, such as smartphones, laptops and iPads and the exigency to multitask online are making us unable to focus on one thing at a time. We are now, so they claim, unable to read a book, listen to a whole album, study, rest our brain and share a common experience, as with normal social relations. We can’t concentrate, we have no long-term memory and we can’t think for ourselves. In fact, we’re “outsourcing memory function and thought to Google and email” says columnist Leon Gettler.

According to New York Times technology reporter Matt Richtel – Pulitzer Prize winner for “Driven to distraction” an article exploring the risks on texting whilst driving – being permanently plugged-in encourages voluntary information overload. This is a byproduct of our new multitasking culture, in fact we’re now consuming “three times the amount of information we consumed in 1960″.

Microsoft has also released a study claiming that 9 out of 10 European youths, between the age of 16 and 24, tend to watch TV and surf the internet simultaneously. A 2009 study by Stanford University assessing the capability to concentrate on two groups of people labelled as “multitaskers” and “non-multitaskers” found that the first group failed on every intellectual account. The conclusion of the study was that “people who are regularly bombarded with several streams of electronic information do not pay attention, control their memory or switch from one job to another as well as those who prefer to complete one task at a time”.

According to University of California study, excessive smartphone use ends up depriving the brain of much needed downtime when plowing through emails, text messages, the news, Twitter, our Facebook wall, a TV program and whatever is happing around us.

These studies are quoted on Wired.com’s article “Help! My smartphone is making me dumb”, along with research paper on the cognitive effects of our digital culture on children [PDF]. The researchers reach an interesting conclusion:

“One can no more ask, ‘How is technology affecting cognitive development?’ than one can ask, ‘How is food affecting physical development?’. As with food, the effects of technology will depend critically on what type of technology is consumed, how much of it is consumed, and for how long it is consumed.”

Essentially, as long as you do something, anything, in moderation, you’ll survive. What I have classified as an alarmist thought is obviously based on neuroscientific truths, and as much as it is a useful omen of what is happening to our passive and subdued society, it is also an axiomatic argument that can easily be used and abused by luddites, who will effortlessly recycle it by making broad-brush indictments of digital technology and culture.

After all, the same alarm was given when TV and the written word were popularised. According to Socrates writing would make humans dependent on things external to the mind. Can you deny this has happened? Furthermore, one of the first detractors of multitasking was a Roman slave that went by the name of Publilius Syrus. He said: “To do two things at once is to do neither”. True? It depends. As Nicholas Carr himself pointed out, the invention of the mechanical clock has also revolutionised the way we organise ourselves as a society, as the “abstract framework of divided time became the point of reference for both action and thought.” The internet’s particular case in point is, however, different – because technology is creating new ways in which content can be consumed faster than our consumer brains can adapt.

The point is not whether the theory is right or not, but can you halt technological progress? The answer is you simply can’t. Unless we reach a point where we are so ‘deconcentrated’ that we have become intellectually unable to invent anything new. Assuming that’s the worst case scenario, it’s a win-win situation. What we have learnt from cultural shifts such as this one, is that brains are incredibly malleable, and they fail as easily as they succeed.

If you were to believe everything you read in the papers, the Internet itself would appear as a mass murderer. It’s killing intellectual property (conversely, intellectual property is killing the internet), our culture, privacy, newspapers, journalism, the music industry, the film industry, the porn industry, the economy, letter writing, your lunch break and much more. The massacre shall end, just as soon as the web dies too, as Chris Anderson – just as loftily as Nietzsche once proclaimed God was dead – announced this summer.

And now our mind. The only thing that seems to be still alive and kicking is chicken little tabloid journalism.

Credits CC Flickr by Zenonline, zipckr.

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http://owni.fr/2010/10/19/its-the-internet-stupid/feed/ 2
Everything you need to know about the strikes in France #12Oct #Blocages http://owni.fr/2010/10/12/everything-you-need-to-know-about-the-strikes-in-france-12oct-blocages/ http://owni.fr/2010/10/12/everything-you-need-to-know-about-the-strikes-in-france-12oct-blocages/#comments Tue, 12 Oct 2010 11:59:23 +0000 Federica Cocco http://owni.fr/?p=31259 The Facts

Various Labour unions have stepped-up calls for a national strike after the French Parliament passed a reform approving the rise of the pension age by two years, from 65 to 67, and the minimum retirement age from 60 to 62.

In the past few days the Senate and the National Assembly approved the pension reform causing transport unions, port, energy and refinery workers – notably dockers in Marseille who have been striking for the past two weeks – to call for stoppages which will likely result in severe fuel shortages. The most pivotal part of the reform passed last night.

Today unions decided to up the stakes by declaring the strike open-ended.

This is the third national strike in the past month.

Today the Government blamed social networks – particularly Facebook, Twitter and MSN – of manipulating information and destabilising the student population. Nearly 300 schools nation-wide have been affected by the strike. Luc Chatel, the education Minister, pointed the finger of blame to “messages on social networks calling on students to block the establishment and protest against pension reform.”

The French Press and ‘la guerre de chiffres’

There is much talk in the media on the fragmentation of the movements leading the strike. Le Monde columnist Philippe Denimal has argued that the past few months have shown a dramatic change in political engagement, with new patterns emerging. On the other hand, the so-called ‘family strike’ on October 2 has shown just how popular the movement has become. And indeed all papers have reported a polls by IFOP showing 71% of the french population is backing the strike. The figures are unanimously described as “exceptionally high”.

The comparison is often made with the strike of 1995 which managed to bring the Juppé administration down. Back then, Prime Minister Alain Juppe declared that once 3 million people took to the street, he would resign. And sure enough, he did.

It is perhaps due to this precedent, that when it comes to reporting on strikes, the French police are particularly ideosincratic and numerous publications lament the staggering discrepancies in the counting of protesters between the unions and the police force. Slate.fr has focused its attention on this tradition along with graphs showing the ‘guerre de chiffres’, the numbers war:

(Police figures are displayed in blue, the union ones are red)

In an interview with Le Figaro, historian Danielle Tartakowsky has stated that “the number of protesters has become a red herring in terms of the political value of the event. The goal of such movements is to show strength without having to use it“.

So far the most incensing editorial was authored by Eric Le Boucher who has taken a firm stance against the protest. His explanation for the copious cycles of protest in the past year resides in the national psyche. “Each French person is schizophrenic: he knows that’s the end of an era, but we need to change, without really believing, he hastens to reassure himself with the “saviors” opportunistic praise him there “Another solution,” which designate scapegoats immigrants, Roma, or rich, depending“.

The International Press

The international press is adamant in pointing out that France’s retirement age is the lowest in Europe.

SKY blogger Alex Rossi makes this point:All across Europe workers are being asked to make concessions and working until you are 62, would be for most Europeans, not a bad deal.

This OECD graph appeared on a BBC article:

The Economist has dubbed the strike an incident of ‘generational warfare’ . “No-one has taught them about their economic interest”, adds, somewhat condescendingly, in-house blogger Buttonwoods.

But the merit of this piece is that it highlights a different perspective: “the young generation is going to bear a heavy burden taking care of the old. The baby boomers have pushed up house prices so their children can’t afford them, promised themselves generous benefits, and left states that are too debt-burdened to pay those benefits. One thing is for sure, the current generation of children won’t able to retire at 62, let alone 60″.

BBC correspondent in Paris, Christian Fraser asks: “a large majority of people in France are in favour of the strike action. [...] But [...] can they maintain momentum?

They also highlight how “Unions and opposition politicians say the plan puts an unfair burden on workers, particularly women, part-timers and the former unemployed who may struggle to hit the 41.5 year requirement.”

According to the EU Observer, the issues at stake are part of a greater European debate, sparked by the consequences of the financial crisis and “hot on the heels of a new piece of research by insurer Aviva Europe which says European workers need to save €1,900 billion more each year if they hope to retire with pensions that will maintain their current standard of living”.

There was also an interesting contribution from Fox News correspondent Greg Burke, who remarked how “Sometimes I wish I were French. Not very often, I must admit. But every once in a while, when I take a look at some of the social benefits my French friends have, I want a French passport. Today the French left is striking across the country because of government plans to cut pensions. This is the fourth strike about pensions in just over four weeks. They seem to like striking”.

Owni

Owni has gathered five interviews with researchers, politicians, activists and others (in french) reflecting on the impact of welfare cuts in Europe and the widespread trend in short-term politics.

Owni also offers an explanation of its own on why the number of participants to a strike is so remarkably different depending on the source.

Police tend to only count protesters on the main street, without taking its affluents in consideration.

We’re currently measuring the magnitude of the strike via a crowd-sourced map:

Find all our file about the pension reform.

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http://owni.fr/2010/10/12/everything-you-need-to-know-about-the-strikes-in-france-12oct-blocages/feed/ 9
Pourquoi Internet n’a pas gagné le prix Nobel de la paix http://owni.fr/2010/10/12/pourquoi-internet-na-pas-gagne-le-prix-nobel-de-la-paix/ http://owni.fr/2010/10/12/pourquoi-internet-na-pas-gagne-le-prix-nobel-de-la-paix/#comments Tue, 12 Oct 2010 11:00:36 +0000 Federica Cocco http://owni.fr/?p=30964 Le manifeste avait été présenté au mois de novembre 2009, et Riccardo Luna – le rédacteur en chef de Wired Italie – avait été inspiré par la soi-disant “révolution Twitter” en Iran, quand des centaines d’opposants sont descendus dans les rues de Téhéran après la réélection de Mahmoud Ahmadinejad en mai 2009.

La proposition a été saluée par de nombreuses personnalités, parmi lesquelles on retrouve des “technôlatres” tels que Nicholas Negroponte, professeur et chercheur au MIT, ou Shirin Ebadi, lauréate iranienne du prix Nobel de la paix, mais aussi des soutiens plus inattendus, comme Giorgio Armani, Vodafone, Citroën et Microsoft.

Pourquoi tenaient-ils tant à prendre part dans cette initiative?

Je ne doute pas complètement de la sincérité des politiques de responsabilité sociale des entreprises, mais la rhétorique employée ressemblait à s’y méprendre à une stratégie marketing et PAS à une campagne sérieuse visant à récompenser des initiatives pour la paix.

Le show avait été présenté au Piccolo Teatro de Milan. Sous les projecteurs, agrippant fermement son micro, Riccardo Luna, ponctuellement épaulé par David Rowan, le rédacteur en chef de Wired Royaume-Uni, déclamait une version en anglais du manifeste, qui racontait en substance:

Nous avons finalement réalisé qu’Internet est bien plus qu’un réseau d’ordinateurs. C’est une toile infinie de personnes. Des hommes et des femmes des quatre coins de la planète se connectent entre eux, grâce à la plus grande interface sociale dans l’Histoire de l’humanité. La culture digitale a jeté les bases d’une nouvelle forme de société. Et cette société prône le dialogue, le débat et le consensus au travers de la communication. Parce que la démocratie a toujours prospéré là où il y a de l’ouverture, de l’acceptation, de la discussion et de la participation. Et le contact avec les autres a toujours été le meilleur antidote à la haine et au conflit.
Voilà pourquoi Internet est un outil pour la paix.
Voilà pourquoi tous ceux qui l’utilisent peuvent semer les graines de la non-violence.
Et voilà pourquoi le prix Nobel de la paix devrait aller au web.
Un Nobel pour chacun d’entre nous.

Il y avait un autre invité d’honneur, Mauricio Costanzo, que peu d’entre vous connaissent mais qui, pour résumé, est un hybride italien entre Jerry Springer et Jean-Luc Delarue. Et on ne peut pas vraiment dire qu’il respire la crédibilité lorsqu’il s’agit de défendre la paix, l’innovation et l’information désintéressée.

Plus tard, même le show-biz est entré dans la danse, avec des célébrités comme Jude Law publiant des vidéos louant Internet4Peace – pour le compte de l’ONG Peace One Day.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La campagne a été ratifiée par 160 parlementairs italiens – et en tant qu’Italienne, je le confesse, une question me vient à l’esprit: ce sont les mêmes politiques que ceux qui ont approuvé cette loi inique qui impose la censure aux blogs? N’est-ce pas ironique que la proposition de Nobel soit mise en avant par un pays qui a vu se réduire comme peau de chagrin son budget pour la recherche et l’éducation? Rappelez-vous, un petit groupe de copains obséquieux a proposé que l’inénarrable “Silvio” soit récompensé de tous ses efforts pour la paix.

Bien sûr, nous essayons de changer la donne – malgré une fuite des cerveaux que rien ne semble pouvoir enrayer – mais une campagne pour un Nobel dictée par une arrière-pensée commerciale est-elle le bon point de départ? Plus particulièrement quand elle défendue par des entreprises dont l’intérêt ne réside pas toujours dans la liberté de l’information, et encore moins dans la paix. Il faut par exemple penser aux premières initiatives d’Armani sur le web. Son premier fait d’armes a été de poursuivre un blogueur éponyme afin de mettre la main sur le nom de domaine Armani.it et de l’utiliser à des fins commerciales. Pas le meilleure exemple de nétiquette, vous en conviendrez.

Nombreux sont ceux qui invoquent la pornographie, la pédopornographie ou les sites qui encouragent la violence pour justifier leur désaccord sur cette nomination. Récemment, un article intéressant de Julian Baggini sur le site de la BBC cherchait à déterminer si nous considérons Internet comme une influence systémique sur notre façon de penser et de communiquer, puisque “les bons systèmes peuvent réellement promouvoir un meilleur comportement”, alors que dans le même temps, la fameuse expérience de Milgram a démontré que les individus sont bien plus enclins à infliger une douleur à une autre personne si ils ne la voient pas, et ce malgré des signes audibles de protestation.

“Arme de construction massive”

Pensez un instant à la belligérance assez remarquable qui s’étale sur les fils de commentaires (l’expression proverbiale reductio ad hitlerum, plus connue sous le nom de point Godwin, vient à l’esprit). A en croire le chercheur Evgeny Morozov, “qu’il s’agisse de traquer les blogueurs dissidents, de diffuser leur propre propagande en ligne ou de lancer des cyberattaques, les régimes autoritaires se sont imposés comme des utilisateurs très actifs du web”.

C’est un risque que nous courons en Europe à ce moment précis, avec des lois comme Hadopi en France, la Lodo Alfano en Italie, ou encore la Digital Economy Bill au Royaume-Uni. Morozov ajoute même ceci: “Donnerions-nous le prix Nobel à un fusil-mitrailleur parce qu’il est susceptible d’être utilisé par des Casques Bleus de l’ONU?”. Peut-être. Les autres options ouvrent la voie à une autre arme de construction massive:

Les contempteurs ont ajouté: “Pourquoi ne pas le donner aux pigeons voyageurs?” Et en effet, ils ont rendu un fier service à l’amélioration de la communication entre les hommes, en leur temps!

A écouter ceux qui l’ont nominé, Internet devrait gagner le Nobel de la paix parce qu’il s’agit d’un outil important pour promouvoir la participation, la démocratie et une compréhension mutuelle entre les cultures. En effet, la formule magique utilisée dans ce contexte est qu’ ”Internet est une arme de construction massive” – un slogan qui, selon une source, a été mis au point par la seule employée féminine et sous-payée de la rédaction de Wired Italie.

Ne vous méprenez pas, je sais que les motivations autour de cette candidature sont nobles. Pour résumer, je dirais que le point faible de cette campagne réside dans le fait qu’elle est relayée par la même corporation qui érige la liberté individuelle en priorité – ce qui rend la tentative pharisaïque et lourdement grevée. Fondamentalement, il ne s’agit que d’une manœuvre rondement menée , rien d’autre. Je devrais le savoir, j’ai travaillé pour Wired.

En dehors de ces considérations, je trouve digne d’intérêt que chaque geek-potentiel-lecteur-de-Wired avec qui j’ai parlé soit opposé à l’initiative. Pourquoi?

Le site d’Internet4Peace pourrait apporter un premier élément de réponse technique. Mais ce qui me vient en premier lieu à l’esprit, c’est un épisode de IT Crowd dans lequel les personnages principaux tendent une boîte à leur manager “technonaïve”, en affirmant que “les anciens d’Internet” l’ont autorisée à utiliser le web pour une conférence.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Même si, selon le Vancouver Sun, Internet figurait dans la liste finale, il y avait, parmi les 237 candidats des profils bien plus légitimes, surtout si vous considérez celles de Democratic Voice of Burma, de la Cour Spéciale pour la Paix du Sierra Leone, de l’activiste des droits de l’homme afghane Sima Simar, et celle du vainqueur, bien entendu, le dissident chinois Liu Xiaobo.

Cet article a initialement été initialement publié sur Owni.eu

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Why the Internet did NOT win the Nobel Peace Prize http://owni.fr/2010/10/08/why-the-internet-did-not-win-the-nobel-peace-prize/ http://owni.fr/2010/10/08/why-the-internet-did-not-win-the-nobel-peace-prize/#comments Fri, 08 Oct 2010 09:52:23 +0000 Federica Cocco http://owni.fr/?p=30790 Its manifesto was initially presented in November last year, and Riccardo Luna – editor of Wired Italy – was inspired by the so-called Twitter revolution in Iran, when thousands of protesters took to the streets of Tehran following elections of 2009, and informed others on their whereabouts via the microblogging website.

The proposal has been endorsed by a number of distinguished personalities, such as ”techno-utopian” Nicolas Negroponte and Iranian nobel laureate Shirin Ebadi, though they have been joined by a number of unlikely elements, such as Giorgio Armani, Vodafone, Citroen and Microsoft.

Now, why would they want to take part in such an initiative?

I don’t completely doubt the sincerity of corporate social responsibility, but the rhetoric was suspiciously similar to a marketing strategy and not, I repeat NOT, a serious campaign committed to rewarding peace-making  efforts.

The show was presented at the Piccolo Teatro Studio of Milan. Under the spotlight, and with a firm grip on the microphone, Riccardo Luna, was occasionally accompanied by David Rowan, editor of Wired UK, delivering the English-version of the manifesto, which read something along the lines of:

We have finally realized that the Internet is much more than a network of computers.
It is an endless web of people. Men and women from every corner of the globe are connecting to one another, thanks to the biggest social interface ever known to humanity.
Digital culture has laid the foundations for a new kind of society.
And this society is advancing dialogue, debate and consensus through communication.
Because democracy has always flourished where there is openness, acceptance, discussion and participation. And contact with others has always been the most effective antidote against hatred and conflict.
That’s why the Internet is a tool for peace.
That’s why anyone who uses it can sow the seeds of non-violence.
And that’s why the next Nobel Peace Prize should go to the Net.
A Nobel for each and every one of us.

There was another guest of honour, Maurizio Costanzo, whom most of you don’t know but suffice is to say, is a special Italian mixture of Jerry Springer and Jean-Luc Delarue, is hardly a credible advocate of peace, innovation and disinterested information.

Lately, even show biz joined this playful bandwagon, with the likes of Jude Law releasing a video endorsing Internet4Peace- on behalf of NGO Peace One Day.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


The campaign was ratified by 160 Italian parlamentarias – and as an Italian, I must confess, the question pops to mind: are these the same MPs who approved the infamous gag law, imposing numerous censoring barricades on blogs? Isn’t it somewhat ironic that the proposal is being put forward by a country that has seen severe cuts to research and education? Mind you, a little group of sycophanthic cronies put forward the one and only ‘Silvio’ for the same award.

Sure, we are trying to change things – despite a tragic brain drain – but is a commercially driven Nobel campaign really the place to start? Especially when it’s upheld by businesses whose interest is not necessarily to favour freedom of information, let alone peace. Armani’s first initiative on the web platform comes to mind. His debut was to sue an eponymous blogger in order to sieze the domain Armani.it and use it for his own commercial needs. Not the best case of netiquette I would add.

Many use the presence of pornography, pedopornography and websites endorsing violence as a reason for not supporting the nomination. Lately an interesting piece by Julian Baggini on the BBC website argued that if we consider internet as having a systemic influence on the way we think and communicate, then it has been proven that “good systems really can promote better behaviour”, though on the other hand Stanley Milgram’s famous obedience experiments found that people were much more willing to inflict pain on another person if they couldn’t actually see them, even if their howls of anguish were still audible“. Think of the exemplary belligerence displayed on most comment threads (the proverbial reductio ad hitlerum comes to mind). According to writer Evgeny Morozov, “Whether it is to track down unruly bloggers, spread their own online propaganda, or launch cyber-attacks, authoritarian governments have emerged as very active users of the web”. This is a risk we’re running in Europe at this very moment, with laws like the Hadopi, the Lodo Alfano in Italy, and the Digital Economy Bill in the UK.

Morozov also adds: “Would we ever give the Nobel award to the machine gun just because it could be used by UN peacekeepers?”. Maybe. Other options include another weapon of mass construction:


Critics have added: “Why not give it to carrier pigeons as well?” and indeed they did make an unrewarded effort to improve communications, back in the day!

According to its nominators, internet should win the peace prize due to its importance in promoting participation, democracy and mutual understanding between different cultures. Indeed, the catch phrase used in this context is that “internet is the first weapon of mass contruction” – a slogan that, according to a source, was actually devised by the underpaid, overworked, only female staff member of the Wired Italy newsroom.

Don’t get me wrong, I am aware that the motivations are noble. Overall, I would argue that the weakest point of this campaign is that it is promoted by the same corporations that hardly have individual freedom as a priority – this makes the attempt self-righteous and heavily misguided. It is fundamentally, nothing but a gimmick. I should know, I used to work for Wired.

Aside from these considerations, I find worthy of notice that every single Wired-target-audience geek I have discussed this with has been against the initiative. Why is this?

Well, for one the I4P website is in itself  technically questionable. But what comes to mind is mostly an episode of the IT crowd where the main characters hand a box to their luddite manager claiming “the elders of the internet” have allowed her to use the internet for a conference.


IT Crowd – The Internet
envoyé par
combine. – Plus de vidéos fun.

Though according to the Vancouver Sun the internet was shortlisted, of course, among the 237 candidates it was hardly the best candidate, especially if you consider favourites Democratic Voice of Burma, the special Sierra Leone Peace Court, Afghan human rights activist Sima Simar and the winner, of course, Chinese dissident Lui Xiabao.

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UK, France: Remember the Entente Cordiale SVP http://owni.fr/2010/10/06/uk-france-remember-the-entente-cordiale-svp/ http://owni.fr/2010/10/06/uk-france-remember-the-entente-cordiale-svp/#comments Wed, 06 Oct 2010 16:25:34 +0000 Federica Cocco http://owni.fr/?p=30593 Confusing news from the Terror front: citizens of Europe have been advised not to go anywhere, more or less. Just last week the US State Department and the British Foreign Office issued a warning for their citizens: if you must tread ground in Transalpine territory, and in Germany, beware: there is a high risk of terror attacks.

A few days later, out of kindred spirit (perhaps more of a kindergarten spirit, but that may just be me) the French government advises its citizens not to go to the UK, due to (go on, take a wild guess) a terror alert, and to exercise ‘extreme vigilance’ in British public transport and popular attractions. I must have not got the memo, is there an early-20th century revival going on? Are we partying like it’s 1902?

Do you remember 1902?

Also, excuse my confusion, but be careful of what, exactly? Should I not use public transport? Or is the message in fact that we should be running at the sight of anyone who fits a particular description? (Arab thugs??!) Unless you’re a national treasure like Lilly Allen or Prince Harry (NUMBER ONE TERRORIST TARGET, according to the highly reputable News of The World), do diplomats and government apparatchiks really expect us, even now, to salivate like Pavlov’s dogs at the knoll of the ‘terror alert’ bell? Ugh, how trite. To quote Peter Griffin, that really grinds my gears.

What lies beneath

I have a conspiracy theory of my own, of course. I think we should blame the transport lobby – they’re the Svenaglis of the situation. Isn’t it strange, after all, that in the spirit of a competitive market the Eurostar train is the only business connecting these two countries via the Channel Tunnel? Mind you, I wouldn’t complain if the ticket prices weren’t so expensive!

No need for a tunnel

I say use explosives for a good reason, build another tunnel, another line that can connect the two signatories to the entente cordiale. Come on, we both get on – think of brunch! Everybody likes brunch.

Let me tell you something about travel alerts. We need not worry about terrorists; the real problem is that transport isn’t working these days! After all, what terrorist in their right mind would bother targeting the public transport in London when there’s a strike underway every other week? The RMT are doing a perfectly fine disruptive job on their behalf. Not to mention the tube closures caused by the re-structuring of the whole metropolis to favour Olympic circulation. It’s all for the tourists, everybody loves tourists.

See? We have plenty of things in common!

But I digress.

Everybody loves tourists

En fin de compte

Fellow cosmopolitans, in conclusion all I want to say is: keep calm and carry on. This is not 2005, please don’t fall victim of the age-old scaremongering tactic and start distrusting based on any kind of veiled prompt profiling by our governments (did anyone say Arabs? Noo). There’s a quote I’m quite fond of from Austin Powers: “there’s two things I can’t stand in this world. People who are intolerant of other people’s cultures… and the Dutch”.

What you should really watch out is bad transport. And for that, we must make sure the staff in both countries are paid well.

Credits CC FlickR by Slightlynort, enders_shadow1, malyousif

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Another crowdsourced government bites the dust http://owni.fr/2010/08/26/another-crowdsourced-government-bites-the-dust/ http://owni.fr/2010/08/26/another-crowdsourced-government-bites-the-dust/#comments Thu, 26 Aug 2010 14:08:08 +0000 Federica Cocco http://owni.fr/?p=24172 How many times have you heard “Have Your Voice” – during an election campaign? It’s pretty standard, only this time – Anno domini 2010 – the ‘man’ informed us on how exactly we’d have our voice. The new forum, the Athenian democractic assembly of the 21st century is, ladies and gentlemen, the Internet.

Amen.

In the UK, the crowdsourcing experiment was meant to take place on this website: Programme for Government.

The British coalition government (also known as ConDem, for those of you that are misinformed, its Conservatives + LibDem) were elected on a mandate to introduce ‘a new era in politics‘, which was to begin by austerity measures and cuts aimed at reducing the astronomical public debt.

The coalition pledged to ‘crowdsource’ their policies via the named website so that citizens (more like netizens) could have an impact on the issues that affected them, especially the cuts which were (and still are) to affect the welfare system, and which laws should be abolished. The website covers issue from A to Z, from banking and civil liberties to transport and Universities.

This measure could have provided the answer to the 21st century post-ideological world. It could’ve empowered the people to precisely have a say, a greater say, in their government’s doings.

What instead happened is what many had predicted: the status quo prevailed. Though 9500 comments were posted on the Programme for Government website, none of them were deigned with an answer. All of them have been binned an ignored.

This is not the first episode of its kind. The US government has been experimenting with crowdsourced urban planning for a while. This experiment being less ambitious and bold than the one proposed by the UK government, it is still ongoing.

Websites like mySociety have introduced similar participation-enhancing tools, but they are independent.

Information-sharing technologies allow for a new institution that can break the barrier between the individual and the government. This vision can be taken even further, by publishing government data and promoting transparency, openness and collaboration.

Let’s at least hope this first #FAIL will be followed by a few more #WIN.

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For more information, we recommend you read Simone Novek’s “Wiki Government”.

Flickr CC Photo Credits : Djeucalyptus, Seanbonner.

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